Soudan: Manifestations après un conflit tribal sanglant

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SoudanManifestations après un conflit tribal sanglant

Des milliers de Haoussas, ethnie impliquée dans des heurts tribaux qui ont fait 79 morts la semaine passée, défilent dans différentes villes du pays.

Des manifestants avaient déjà envahi le centre de Khartoum, le dimanche 17 juillet 2022 dans le.

Des manifestants avaient déjà envahi le centre de Khartoum, le dimanche 17 juillet 2022 dans le.

AFP

Des milliers de Haoussas, ethnie impliquée dans des heurts tribaux qui ont fait 79 morts la semaine passée, défilent mardi à travers le Soudan au cri de «Vengeance pour les martyrs», ont constaté des journalistes de l’AFP. Les affrontements, pour la terre entre les Haoussas et le clan des Bartis, ont éclaté lundi dernier dans l’État du Nil Bleu, frontalier de l’Éthiopie. Si le calme y est désormais revenu, la violence a gagné plusieurs autres États, notamment Kassala, plus au nord, où lundi des milliers de Haoussas s’en sont pris aux bâtiments publics, en incendiant plusieurs.

Mardi, les militants haoussas ont appelé à des manifestations de masse à Khartoum et dès le matin, plusieurs centaines de leurs partisans ont répondu à l’appel, se massant dans le sud de la capitale, selon le journaliste de l’AFP. «Non aux tueries de Haoussas», proclamaient certaines de leurs banderoles, tandis que d’autres saluaient «les martyrs du Nil Bleu», où le dernier bilan officiel de plusieurs jours d’affrontements à l’arme à feu atteint 79 morts et 199 blessés.

A El-Obeïd, chef-lieu du Kordofan Nord à l’ouest de Khartoum, ils étaient environ 3000 à scander «les Haoussas vaincront», a rapporté un photographe de l’AFP. Ils étaient quasi autant à converger vers le siège du gouvernement local de Port-Soudan, sur la mer Rouge, selon un autre photographe de l’AFP. Une fois sur place, ils ont remis au gouverneur une lettre de doléances condamnant les violences dans le Nil Bleu et réclamant «justice pour les martyrs», a-t-il ajouté. À al-Chouak, dans l’État de Gedaref où vivent de nombreux Haoussas, «500 d’entre eux bloquent l’autoroute Khartoum-Kassala», a rapporté à l’AFP un habitant, Saleh Abbas.

Regain de violence

L’eau et les terres, vitales pour les agriculteurs et les éleveurs, ont déjà causé des centaines de morts ces derniers mois lors de conflits tribaux dans un pays où de très nombreuses armes circulent après des décennies de guerre civile et de guérillas rebelles. Les violences connaissent aussi un regain, notent les experts, depuis le putsch à Khartoum en octobre 2021 qui a créé un vide sécuritaire. Et elles servent, accusent les pros démocratie, les intérêts du pouvoir militaire et de ses alliés ex-rebelles qui font ainsi pression pour obtenir des gains politiques.

Ethnie répandue

Les Haoussas sont l’une des ethnies les plus importantes d’Afrique avec des dizaines de millions de membres du Sénégal au Soudan. Ils sont près de trois millions au Soudan, dont ils partagent la religion majoritaire, l’islam, mais pas la langue officielle, l’arabe, car ils parlent haoussa. Ils vivent principalement de l’agriculture au Darfour, frontalier du Tchad, dans l’État d’Al-Jazira, au sud de Khartoum, ainsi que dans les États de Kessala, de Gedaref, de Sennar et du Nil Bleu, qui bordent l’Érythrée et l’Éthiopie.

(AFP)

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