GenèveL’aéroport stoppe ses activités vendredi matin
Cointrin a décidé de suspendre ses opérations en raison de la grève du personnel. Aucun avion ne décollera ou n’atterrira entre 6h et 10h du matin.
- par
- Leïla Hussein ,
- Léonard Boissonnas
Ni décollage ni atterrissage! Vendredi matin, entre 6h et 10h, l’aéroport cessera ses activités (sauf en cas d’urgences, telles que les vols sanitaires). Cointrin vient de décider de temporairement stopper ses opérations en raison de la grève du personnel. Au total, 8000 passagers (4000 entre 6h et 8h et 4000 entre 8h et 10h) sont concernés. Charge maintenant aux compagnies aériennes de choisir ce qu’il va advenir de leurs liaisons (report, annulation, changement d’aéroport).
«Pour un vol New York-Genève, la compagnie pourrait par exemple décider d’atterrir à Bâle plutôt qu’à Genève ou retarder le départ de 2h pour faire en sorte d’arriver ici après 10h», illustre Ignace Jeannerat, porte-parole de la plateforme aéroportuaire. Le communicant insiste: «Il est crucial que les voyageurs soient extrêmement attentifs aux communications que les compagnies aériennes vont faire.»
Grève peut-être prolongée
Jeudi matin, le débrayage a été confirmé après l’adoption de la réforme salariale controversée par le conseil d’administration. Un choix approuvé à une large majorité, a fait savoir Genève Aéroport, saluant «cette décision qui lui permettra de gagner en agilité».
Alors que 54’000 voyageurs sont attendus vendredi, la grève aurait paralysé la plateforme. Raison pour laquelle Cointrin a décidé de prendre les devants. «Notre grève a déjà marqué des points avant même son lancement», a réagi Jamshid Pouranpir du Syndicat des services publics (SSP). Une réunion est prévue, vendredi à 10h, afin de décider si le mouvement social sera reconduit ou non.
La direction regrette cette situation, qui «prend place au premier jour des départs en vacances». Toutefois, le président du conseil d’administration, Pierre Bernheim, estime «qu’il n’y a jamais de bon moment. En automne, les voyageurs seraient tout autant impactés que demain». Le responsable explique avoir été obligé de prendre cette décision, car «l’aéroport prévoit un ralentissement de ses activités» ces prochaines années.
«Aucun salaire baissé», assure Cointrin
Au cœur de cette crise: un plan de refonte qui met fin aux annuités, ainsi qu’aux augmentations liées à l’ancienneté et prévoit des hausses basées sur les performances. Malgré près de 30 heures de négociation, aucun accord n’a pu être trouvé. Cointrin estime qu’il faut «piloter l’évolution des charges salariales en adéquation avec la progression des revenus». «Aucun salaire ne sera baissé», assure-t-il. En revanche, «la nouvelle politique implique un gel des augmentations pour environ 240 personnes». Parallèlement, 250 employés verront, eux, «leur salaire augmenter, dès la mise en œuvre de la nouvelle politique».
«Ils ont pris la plus mauvaise décision»
De son côté, le SSP y voit une dégradation des conditions de travail et juge ce projet «fallacieux, incohérent et provocant». Jeudi, son secrétaire syndical l’a qualifié «d’attaque brutale» devant environ 250 employés réunis pour manifester leur colère et mettre la pression aux membres du conseil d’administration. En vain. «Malheureusement, ils ont pris la plus mauvaise décision possible, a regretté Jamshid Pouranpir. Ils auraient pu saisir l’occasion d’arrêter la grève, ils ne l’ont pas fait. Pour les employés, ce n’était pas une grande surprise, mais la tristesse et le sentiment de ne pas être entendus.»