Pays-Bas : Tensions lors d’une manif anti-raciste contre le «Pierre Noir» 

Des manifestants, qui protestaient samedi contre le grimage en noir d’un personnage folklorique, ont été attaqués par des centaines de personnes leur lancant des oeufs et feux d’artifice, forçant la police à intervenir, a rapporté l’agence de presse néerlandaise ANP.

Plusieurs villes néerlandaises célèbrent ce week-end l’arrivée annuelle de Saint-Nicolas, dont les compagnons appelés «Zwarte Piet» («Pierre Noir», en français) – présents lors des défilés où ils distribuent des bonbons aux enfants – sont traditionnellement grimés de noir et affublés d’une coiffure afro. Mais cette apparence est de plus en plus contestée dans le pays. A l’appel du groupe «Kick Out Zwarte Piet» (»Jetez Zwarte Piet Dehors»), créé en 2011, des manifestants ont protesté samedi contre le défilé marquant l’arrivée du Grand Saint dans le village De Lier (sud), certains «Piets» étaient entièrement grimés de noir, tandis que d’autres restaient trop sombres selon le groupe.

Chaque année, il organise des manifestations, souvent sous haute tension, dans les villes où persiste cette tradition qu’il considère comme raciste, vestige de l’époque coloniale. Mais des centaines de contre-manifestants leur ont jeté des feux d’artifices, des biscuits et des fumigènes, entraînant une intervention de la police.

Après une décennie de lutte pour l’abolition de «Zwarte Piet», le combat a fait un bond en avant en 2020, marqué par le mouvement «Black Lives Matter». Aujourd’hui de nombreuses écoles, chaînes de télévisions publiques et rassemblements officiels ont décidé de ne plus grimer les «Piets» de noir, voire même de le présenter sans aucun maquillage. Certaines personnes persistent cependant – insistant sur le fait que la peau de son visage est noire simplement parce qu’il passe par les cheminées des maisons afin d’y déposer des cadeaux – mais «ce n’est qu’un petit groupe», a estimé l’anthropologue Markus Balkenhol à la radiodiffusion publique NOS.

A la parade nationale à Gorinchem (sud), «Sinterklaas», ou Saint-Nicolas, et des «Piets», ont été accueillis par des milliers de personnes dans une ambiance globalement conviviale.

Les Pays-Bas se sont ces dernières années lancés dans un débat souvent difficile sur leur passé colonial qui en a fait l’un des pays les plus riches du monde. Le roi Willem-Alexander a présenté l’été dernier ses excuses officielles pour l’implication de son pays et de sa dynastie dans l’esclavage. Le Premier ministre sortant Mark Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour l’esclavage, qu’il avait qualifié de «crime contre l’humanité».