Japon: Ils traquent les mégots pour un Mondial de chasse aux déchets

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JaponIls traquent les mégots pour un Mondial de chasse aux déchets

À Tokyo, 21 pays ont participé à la finale de la Coupe du monde de Spogomi. Le but, sans courir, est de ramasser le plus d’ordures en un temps précis. Et les fins de cigarettes valent cher.

Après avoir passé trois quarts d’heure à ramasser les déchets dans les rues de Tokyo l’équipe d’Australie a eu 20 minutes pour les trier.

Après avoir passé trois quarts d’heure à ramasser les déchets dans les rues de Tokyo l’équipe d’Australie a eu 20 minutes pour les trier.

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Portant gants, pinces en métal et sacs-poubelles, ils ont arpenté un quartier de Tokyo à la recherche de mégots, papiers gras et autres emballages: des participants originaires de 21 pays – sans la Suisse – ont participé, mercredi, au premier Mondial de Spogomi, une chasse aux déchets sportive.

Composée de trois personnes, chaque équipe nationale a parcouru une zone de collecte d’environ cinq kilomètres carrés dans le quartier de Shibuya. Dans le Spogomi – une contraction des mots japonais sports et déchets –, il est interdit de courir, de piller les poubelles existantes ou de suivre d’autres équipes: chaque trio était ainsi escorté d’un arbitre chargé de veiller au respect des règles.

Trois quarts d’heure pour la collecte, 20 minutes pour le tri

Lors des sessions du matin et de l’après-midi, les participants disposaient de 45 minutes de collecte dans les rues, puis de 20 minutes supplémentaires pour trier leurs déchets en différentes catégories. Car les points sont attribués en fonction des volumes collectés, mais aussi selon le type de détritus: des petits déchets comme les mégots rapportent ainsi plus que d’autres.

Derrière cette drôle de compétition, un Japonais de 46 ans, Kenichi Mamitsuka, l’inventeur japonais du Spogomi, qui explique en avoir eu l’idée lors d’un footing matinal: il s’est rendu compte qu’il pourrait en faire une activité ludique en se fixant des objectifs, et a organisé la première compétition du genre il y a 15 ans, au Japon.

Un sport olympique de démonstration?

Cette première Coupe du monde est «un rêve devenu réalité», dit-il, affirmant même que ce nouveau sport peut prendre une dimension encore plus grande. «Si des associations nationales de Spogomi se montent, cela pourrait devenir un sport de démonstration» aux Jeux olympiques, s’exclame-t-il devant une partie des 550 kilos de déchets collectés mercredi par les participants au Mondial.

«Notre objectif est d’organiser des événements Spogomi dans 50 pays d’ici à 2030», précise-t-il, insistant sur le caractère essentiel pour la planète d’un changement de la manière dont les gens perçoivent les déchets.

Mercredi, les compétiteurs, qui avaient tous remporté une compétition nationale pour obtenir le droit de représenter leur pays au Mondial, ont dû s’adapter aux spécificités locales. «Nous, c’est notre métier, on a le flair» pour ça, sourit Usman Khan, 32 ans, un des chasseurs de l’équipe de France, composée uniquement de membres travaillant… dans le secteur de la collecte de déchets.

À Tokyo, les rues sont propres

Le Sud-Africain Philippe Louis de Froberville souligne que les rues relativement propres de Tokyo rendent «les déchets plus difficiles à trouver» que lors de la compétition dans son pays. Âgé de 33 ans, ce passionné de surf, plaide pour une initiation dès l’école: «Si vous commencez quand vous êtes jeune, vous voudrez le faire quand vous serez plus âgé et vous voudrez prendre soin de votre environnement.»

C’est finalement l’équipe du Royaume-Uni qui a décroché l’or à Tokyo, en collectant 57 kilos de déchets, devant le Japon et l’Italie.

(AFP)

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