InterviewNicolas Maury: «Le tournage du film Dix pour cent doit débuter cette année»
L’acteur est désormais chanteur et a sorti son premier album, «Porcelaine de Limoges», en début d’année. Il nous parle de musique mais aussi de la suite de la série qui l’a révélé.
- par
- Fabio Dell'Anna
Nicolas Maury n’est pas aussi pudique et fragile qu’on peut le penser. Celui que l’on connaît surtout pour son rôle de Hervé dans «Dix pour cent» ajoute une corde à son arc en devenant chanteur. En janvier, il a sorti «Porcelaine de Limoges», un disque où se mêlent des textes parlant de séduction et d’amour au piano ou parfois même sur des sons electro. Il nous raconte cette nouvelle aventure par téléphone et nous en dit plus sur la suite tant attendue de «Dix pour cent».
Après acteur et réalisateur, vous devenez chanteur. C’était la suite logique?
Je ne sais pas si c’est logique, car cela signifie que Catherine Deneuve devrait se mettre aussi à chanter (Rires.). Pour moi, cela a été comme une évidence. Tous les métiers que vous venez de citer ont une chose en commun: être interprète. Quand on est acteur, on interprète les signes d’un texte et d’un rôle. Quand on est réalisateur, on interprète les signes de la vie, de ce qu’on ressent du monde, de ce que l’on ressent des hommes… Et quand on est chanteur, c’est encore plus particulier, car on ne joue pas de rôle. On est au plus nu de ce qu’est la restitution d’un son avec la musique.
Votre première chanson était sur la bande originale de votre film «Garçon chiffon». Comment est venue l’idée de poser la voix sur un titre?
Cela a commencé lors de ma rencontre avec Olivier Marguerit. Il a fait la B.O. de «Garçon chiffon» et il a aussi composé et réalisé mon album. Mon film était sorti le 28 octobre 2021, jour de l’annonce du confinement en France, et toutes les salles de cinéma ont fermé. Je sentais arriver de longs mois obscurs. J’ai alors fait cette proposition à Olivier et il a été assez inspiré. Nous avons créé environ une chanson par semaine. Début janvier, une douzaine de maquettes étaient prêtes. À l’époque, il fallait encore des autorisations de déplacement pour sortir de chez soi et, comme il était dans un studio pas très loin de mon appartement, j’y allais pour me faire du bien. Et puis ça a été un tout nouveau chemin. J’ai tout arrêté pendant deux ans pour ça.
Comment la musique est-elle arrivée dans votre vie?
Avant, je chantais comme un peu tout le monde. C’est-à-dire dans ma chambre depuis tout petit. Mais je n’étais pas du tout extraverti par rapport au chant. J’ai cette voix aiguë aujourd’hui, alors imaginez-moi enfant lorsqu’elle l’était encore plus. La prof de chant me faisait passer devant tout le monde et disait: «Écoutez cette voix!» A l’adolescence, ce n’était pas si facile. J’ai eu un peu un complexe par rapport à ma voix. Maintenant j’arrive à m’entendre et, surtout, j’arrive à trouver de la sensualité. Je suis très content.
Qui vous inspire dans la musique?
Vanessa Paradis. Beaucoup. C’était le premier disque que j’ai eu. Ensuite il y a plusieurs voix féminines qu’écoutait ma mère, comme France Gall ou Véronique Sanson. De mon côté, j’aime beaucoup Joe Dassin et Mike Brant dans les années 80. Après, en commençant le théâtre, forcément je suis allée vers Barbara.
Dans votre morceau «Porcelaine de Limoges» vous parlez d’un garçon à l’enfance compliquée aux grands rêves. C’est autobiographique?
Oui. C’est vraiment autobiographique. Mais cela reste un sujet universel. Si cela ne touchait que moi, ce ne serait pas très intéressant pour les autres. Je chante pour toutes les personnes qui ont été stressées dans les cours d’école. Pas forcément parce qu’elles sont gays, elles souffrent peut-être à cause de leur poids ou d’un handicap…
Grâce à un travail des textes remarquables, vous avez réussi à rendre la musique très visuelle…
Cela me touche beaucoup. Peut-être que c’est une déformation professionnelle… C’est mon côté Balance. (Rires.) Quand je fais du cinéma, je parle de musique. C’est-à-dire que je dirige mes acteurs avec des mots musicaux. Même les techniciens. Je parle souvent de musique, et quand j’en fais, je pense que je parle de cinéma. Finalement, je me retrouve parfaitement à la rencontre de ces deux univers. Par exemple, pour mon prochain long-métrage, j’ai déjà demandé les musiques originales. Le projet se passera en Suisse. J’ai écrit le scénario pour un hôtel dans vos régions.
Sur le titre «Gentleman», on vous retrouve sur un style up-tempo qui vous va à ravir. Pourquoi ne pas avoir essayé cet exercice à plusieurs reprises?
Je voulais davantage travailler sur ma sensibilité. C’est vrai qu’au quotidien je suis quelqu’un de joyeux. Pendant la confection de ce disque j’ai justement fait attention que cela se ressente. Et puis j’aime les chansons up-tempo. Je voulais juste m’amuser, me laisser aller et danser lorsqu’on a composé «Gentleman». Elle donne cette sensation du retour du printemps ou de l’été. Lorsque j’ai fait ma première télévision pour le disque, je l’ai interprétée et j’étais très à l’aise. Mais c’est nouveau pour moi qui suis d’habitude dans la fragilité. Je suis content d’avoir lâché les chevaux et d’avoir fait place au désir.
En concert, il faudra s’attendre à quoi?
Ce sera évidemment un concert, mais je ne peux pas m’empêcher de vouloir donner un peu plus. Il n’y aura pas de lumières rouges, jaunes ou vertes et qui clignotent. (Rires.) Il y aura des histoires de rideaux, des histoires de tableaux et de climats. Un peu comme ce que l’on peut voir dans une pièce de théâtre. Je ne veux pas jouer au chanteur, je veux simplement chanter.
Malgré la musique, vous allez continuer votre carrière de comédien. Où en est la suite de «Dix pour cent»?
Des choses se préparent très activement et je n’aurais pas dit ça il y a quelques mois. Il y a un rebond dans l’écriture. Une petite révolution. Je ne peux pas en révéler davantage, sauf qu’on se dirige toujours vers un format de film qui sera très dense. Il durera environ 2 heures. On mettra le focus sur les gens de l’agence ASK, qui a été bien secouée dans la dernière saison. On a tous très envie de se retrouver. Le seul problème est nos emplois du temps chargés. Normalement, le tournage est prévu entre la fin de cette année ou le début de l’année prochaine.