Etats-Unis: La mesure sanitaire qui bloquait les migrants à la frontière a expiré

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États-UnisLa mesure sanitaire qui bloquait les migrants à la frontière a expiré

La fin des restrictions migratoires liées à la pandémie risque de provoquer un afflux de migrants à la frontière sud des États-Unis. Le gouvernement Biden est sous pression.

La frontière américano-mexicaine à El Paso, au Texas, le 11 mai 2023.

La frontière américano-mexicaine à El Paso, au Texas, le 11 mai 2023.

AFP

Une mesure qui permettait aux États-Unis de verrouiller l’accès à leur territoire depuis le début de la pandémie a expiré jeudi à 23 h 59 (05 h 59 en Suisse vendredi), un changement qui a semé la confusion chez de nombreux migrants à la frontière et fait craindre aux autorités un afflux «chaotique».

Y aura-t-il un afflux? Face aux républicains qui l’accablent et exigeaient le maintien de cette mesure, le «Titre 42», le gouvernement du démocrate Joe Biden a rappelé que de nouvelles restrictions au droit d’asile ont été adoptées.

«Je veux être très clair: notre frontière n’est pas grande ouverte. Les personnes traversant notre frontière illégalement et sans fondement légal pour rester seront immédiatement (…) expulsées», a dit le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. Toutefois, «nous sommes lucides sur les défis auxquels nous allons probablement faire face dans les jours et semaines à venir et nous sommes prêts à y répondre», a-t-il ajouté, notant qu’«un nombre élevé d’arrivées» avait déjà été observé «dans certains secteurs».

Le président Biden lui-même a récemment affirmé que la situation serait «chaotique pendant un moment». Pour se préparer, l’État fédéral a mobilisé «plus de 24’000 agents et forces de l’ordre» à la frontière, en plus de 4000 militaires.

À Matamoros, ville mexicaine frontalière de Brownsville au Texas, des migrants continuaient de traverser le fleuve Rio Grande vers les États-Unis à pied ou à bord de canots improvisés. Venant de l’autre côté, un message en espagnol était répété par haut-parleur: «Restez au Mexique, il est illégal de passer aux États-Unis. Si vous passez, vous serez expulsés».

Entre Tijuana et San Diego, Steven Llumitaxi, Equatorien de 21 ans, affirme avoir «confiance» dans le fait qu’il sera admis aux États-Unis avec sa femme et son fils de deux ans. «Il paraît que les bébés sont davantage prioritaires», dit-il.

Restrictions à l’asile

Certains migrants se sont dépêchés de passer la frontière de quelque 3000 km avant la levée du «Titre 42» pour demander l’asile, de crainte que le changement de règles ne les empêche de le faire pendant cinq ans. Le «Titre 42», censé limiter la propagation du Covid-19, conférait la possibilité aux autorités américaines de refouler immédiatement tous les migrants entrés dans le pays, y compris les demandeurs d’asile. En trois ans, il a été utilisé à 2,8 millions de reprises.

De nouvelles restrictions au droit d’asile, finalisées par les ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure, sont immédiatement entrées en vigueur jeudi soir. Avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d’asile, à l’exception des mineurs isolés, devront désormais avoir obtenu un rendez-vous sur une application téléphonique mise en place par les gardes-frontières, ou s’être vu refuser l’asile dans un des pays traversés lors de leur périple migratoire. Dans le cas contraire, leur demande sera présumée illégitime et ils pourront faire l’objet d’une procédure d’expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l’entrée sur le sol américain.

Confrontés aux changements des dispositifs migratoires, aux rumeurs propagées par les passeurs et à une procédure en ligne complexe, les migrants qui s’entassent dans le nord du Mexique témoignent d’un casse-tête.

Pleurs et frustrations

L’application «CBP One», conçue pour centraliser les demandes d’asile aux États-Unis, frustre de nombreux migrants à la frontière. À cause de ses bugs fréquents, «c’est un cauchemar, un véritable supplice. Cette application nous mine émotionnellement et psychologiquement», dit Juan Pavon, un commerçant qui a fui le Venezuela avec sa famille.

L’exécutif démocrate tient, sur le sujet brûlant de l’immigration, à afficher une politique équilibrée, tandis que les républicains accusent Joe Biden, à nouveau candidat pour 2024, d’avoir transformé la frontière en «passoire». Ainsi pour l’ex-président républicain Donald Trump, «Joe Biden a officiellement aboli ce qu’il restait des frontières de l’Amérique».

Jeudi, les républicains à la Chambre des représentants ont voté un projet de loi pour restreindre l’immigration. Le texte, qui prévoit la reprise de la construction du célèbre mur de Donald Trump à la frontière sud, n’a pour autant quasiment aucune chance d’être adopté au Sénat, aux mains des démocrates.


(AFP)

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