Immigration clandestineJusqu’à 10 ans de prison requis au procès du drame du camion charnier
Quatre Vietnamiens étaient jugés ce mardi, à Paris, pour homicides involontaires pour avoir, en 2019, laissé mourir 39 migrants enfermés dans un conteneur en route vers l’Angleterre.
Ils «ne voyaient en eux que des «poulets» à entasser»: l’accusation a requis mardi 9 à 10 ans d’emprisonnement pour quatre Vietnamiens jugés à Paris pour homicides involontaires lors de la tragédie du camion charnier, dans lequel 39 migrants étaient morts en Angleterre en 2019.
Pendant deux heures et demie, les deux procureurs sont revenus sur l’organisation et la participation à un vaste réseau d’immigration clandestine des 19 prévenus au total qui comparaissent pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France, commise en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs, des délits passibles de dix ans d’emprisonnement.
Seuls quatre d’entre eux – «Tony», «Hoang», «Long» et «Thang» – étaient jugés pour homicides involontaires. «Face à des prévenus qui ont privilégié la rentabilité en mettant en danger les victimes, qui ne voyaient en eux que des «poulets» à entasser, nous n’avons eu que très peu d’explications, du cynisme de la part de certains qui se présentent comme victimes de ce système», a tranché le procureur Alexis Liberge dans son réquisitoire.
Morts d’asphyxie et d’hyperthermie
Le matin du 22 octobre 2019, 31 hommes et 8 femmes, âgés de 15 à 44 ans, tous originaires du Vietnam, étaient montés dans une remorque, dans le nord de la France. Le conteneur était parti du port belge de Zeebrugge, en direction de l’Angleterre où a eu lieu la macabre découverte, après une nuit de voyage, le 23 octobre 2019, dans la zone industrielle de Grays, à l’est de Londres. Les migrants avaient été retrouvés morts d’asphyxie et d’hyperthermie, en raison de la chaleur et du manque d’oxygène dans l’espace confiné du conteneur.
À l’encontre des quatre autres prévenus vietnamiens – dont deux absents à l’audience et considérés en fuite – responsables de l’organisation du transport et de l’hébergement des migrants, les peines requises vont de 7 à 10 ans d’emprisonnement, ainsi que des amendes et des interdictions de territoire.
«Il ne s’agit pas d’un groupe pyramidal mais d’une organisation extrêmement structurée où il y a une spécialisation, une mutualisation des moyens et des lieux d’hébergement et une concurrence entre les filières», a détaillé la procureure Sarah Kahla.
Chevilles ouvrières d’un réseau
Pour tous les autres prévenus – de nationalités française, algérienne, marocaine ou chinoise – le ministère public a requis la relaxe pour l’association de malfaiteurs mais a demandé la condamnation pour l’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d’un étranger en France, commise en bande organisée.
Les huit chauffeurs de taxi, eux, ont été «les «chevilles ouvrières d’un réseau dont l’ampleur et les conséquences les ont dépassés», a estimé la procureure Sarah Kahla. Selon le ministère public, il convient de distinguer les chauffeurs de taxi ayant effectué une ou deux courses de ceux qui ont réitéré ces courses, «en dépit des éléments de suspicion». Pour cela, les peines requises vont de douze mois d’emprisonnement avec sursis à trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, assorties également d’amendes de 3000 à 10’000 euros.
Enfin, au-delà des têtes de réseaux, le ministère public a rappelé les «maillons essentiels» que sont les propriétaires d’appartements, sans qui il n’y a pas de réseaux d’immigration clandestine. Il a demandé 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 10’000 euros d’amende contre trois propriétaires. Le procès doit s’achever vendredi.