Jugé pour assassinat 24 ans après les faits

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BienneJugé pour assassinat 24 ans après les faits

Trahi par son ADN, un ressortissant macédonien comparaîtra devant ses juges à 65 ans suite à un crime apparement lié à un trafic d’armes.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
La scène du crime a totalement changé dans le quartier de Mâche, à Bienne. La famille attaquée est partie, les parents sont décédés. Le pavillon concerné a été incendié neuf mois après le crime  sur une parcelle attribuée aux gens du voyage en 1956.

La scène du crime a totalement changé dans le quartier de Mâche, à Bienne. La famille attaquée est partie, les parents sont décédés. Le pavillon concerné a été incendié neuf mois après le crime  sur une parcelle attribuée aux gens du voyage en 1956.

lematin.ch/Vincent Donzé

«Il est mort devant ma porte, une balle dans le dos», racontait une retraitée, vingt ans après un crime barbare jamais élucidé à Bienne. Emportée par un cancer, Georgette n’assistera pas au procès qui s’ouvrira mercredi à Bienne. Le 25 juin 1999, un jeune de 22 ans, brocanteur comme son père, a été abattu. Trahi par son ADN un ressortissant de Macédoine du Nord sera jugé à 65 ans.

La scène du crime est aujourd’hui composée de pavillons et de caravanes adossés à des jardins familiaux. Du site de 1999, il ne reste qu’une baraque. 

Jeannot est mort

«Jeannot est mort devant ma porte», témoignait la voisine qui se trouvait chez elle avec son compagnon. «On a entendu comme un plouf devant la porte», a-t-elle rapporté. Un bruit sourd qui était celui d’un corps qui s’affale.

La voisine a reconnu celui qui gémissait encore. Elle a d’abord pensé qu’il voulait dessoûler chez elle. Sa main posée sur son dos s’est tâché de sang, elle a alors crié mais personne n’a répondu. Deux pit-bulls blancs dressés comme chiens de garde n’ont pas aboyé.

Par une fenêtre

«Fous le camp: ils vont nous tirer dessus», lui a hurlé le frère aîné sorti par-derrière. Ce qu’elle ignorait, c’est que quatre individus masqués étaient entrés par une fenêtre dans le pavillon de cette famille yenisch pour y ligoter les parents et le fils cadet.

«On veut tout l’argent!» ont-ils exigé en allemand, avec un accent balkanique. «On n’a presque rien», ont répondu les parents présents avec leur fils cadet. Une réponse qui a déclenché un déferlement de violence: «On m’a mis le canon d’une arme dans la bouche», a rapporté le fils, ligoté comme ses parents avec de la bande adhésive. «Les otages ont subi des décharges électriques au moyen d’appareils à électrochoc», avait constaté la police.

Décharge électrique

La situation a dégénéré plus encore  lorsque, après minuit, les deux frères aînés sont rentrés à la maison et ont trouvé la porte fermée: «Papa, ouvre!» «papa, ouvre, qu’est-ce que tu fais?» ont-ils demandé. Des coups de feu ont alors été tirés à travers une fenêtre, blessant un frère et épargnant l’autre, caché dans l’ombre d’une façade. Achevé d’une balle dans le dos 50 mètres plus loin, Jeannot est mort devant le pavillon de Georgette.

Pistolet-mitrailleur

Membres d’un clan, les agresseurs ont dérobé un pistolet-mitrailleur compact de type Uzi et des bijoux en or jaune 18 carats: un bracelet, trois colliers et une paire de boucles d’oreilles sertis de diamants, de saphirs ou d’améthystes. Les brigands ont pris la fuite à bord d’une VW Sirocco portant des plaques soleuroises.

Le crime du 25 juin 1999 connaîtra son épilogue le 6 juin prochain, lorsque le Tribunal Jura bernois – Seeland rendra son verdict.

Armée de libération

Au cours de la longue et vaste enquête, plus de 200 personnes, dont de nombreux suspects, ont été contrôlées et en partie interrogées. Le raid serait lié à un trafic d’armes entre les deux frères aînés et des militants de l’UCK, l’armée de libération du Kosovo.

En détention provisoire depuis 2021, le tireur présumé conteste les faits. Il sera jugé pour assassinat et tentative d’assassinat. Les trois coauteurs n’ont pas été identifiés à ce jour.

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