Commentaire: En finir avec «papa» et «maman», vraiment?

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CommentaireEn finir avec «papa» et «maman», vraiment?

Faudrait-il abandonner «papa» et «maman» pour ne garder que «parent» ? La question soulève une indignation un peu naïve.

Eric Felley
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Eric Felley
La famille traditionnelle a encore un bel avenir en Suisse.

La famille traditionnelle a encore un bel avenir en Suisse.

Getty Images/Westend61

En fin de semaine dernière, le Bureau de conseil aux parents de la ville de Zurich a publié des recommandations quant à l’utilisation d’un langage neutre du point de vue du genre. Dans certaines situations, il vaudrait mieux dire «parents» ou «tuteurs», plutôt que papa ou maman. L’information a aussitôt suscité un tollé, notamment du côté de l’UDC, où une élue a dénoncé une volonté de «dissolution des genres». Le conseiller national vert’libéral Michel Matter (VL/GE) a réagi sur le réseau social X: «Et on va où?!?!?! Plus de maman, plus de papa?!?! Il faut savoir dire STOP».

Le présentateur d’«Infrarouge» sur la RTS, Alexis Favre, a réagi aussi en affirmant: «Ces gens sont fous». Une pétition a été lancée par le site conservateur «Le Peuple»: «Sauvons «papa» et «maman»!» On constate que sur les questions de genre, le débat se crispe et se durcit. L’UDC en a d’ailleurs fait un thème de campagne. Dans le fond, cette proposition zurichoise, parmi d’autres, est perçue comme une attaque contre la famille traditionnelle, contre le couple hétérosexuel, voire une attaque contre la nature biologique de l’humanité.

Des parents par leurs prénoms

Cependant, les mots de «papa» et «maman» ne sont évidemment pas près de disparaître comme voudraient le faire croire ceux qui s’indignent si facilement. Dans l’histoire, ce n’est pas la première fois que «papa» et «maman» sont attaqués. Il fut un temps où les enfants disaient «père» en le vouvoyant… Dans les années 80, une tendance voulait que les enfants renoncent à père et mère, pour les appeler par leurs prénoms: Jacques ou Françoise. Cool. À cette époque, progressistes et opposants s’étaient aussi écharpés. Et puis, le naturel a repris le dessus, papa et maman ont survécu. D’une manière beaucoup plus drastique, les Khmers rouges dans les années 70 avaient banni les notions de mari et femme, de papa et maman, pour s’approprier des enfants guerriers, qui dans certains cas ont même tué leurs propres parents! Mais eux aussi ont disparu, et l’ordre des choses est revenu au Cambodge.

Souplesse d’esprit

Récemment en France, l’Assemblée nationale avait entériné une réforme administrative visant à remplacer «père» et «mère» par «parent 1» et «parent 2» dans certains documents. Mais elle a dû revenir en arrière. Finalement, tous ceux qui ont tenté de se débarrasser des deux mots les plus vieux du monde ont toujours échoué.

Cependant, cela ne veut pas dire que les personnes qui se soucient des questions de genre à notre époque sont des «fous», que ce soit à Zurich, Lausanne, Genève ou Sion. Il existe toute une problématique qui interpelle les jeunes, voire qui fait partie de leur imaginaire et qui prend peu à peu une dimension culturelle. Pour y répondre, cela demande une certaine souplesse d’esprit moins bruyante que des anathèmes.

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