DocumentaireLe sauveur de Carlos Ghosn se retourne contre lui
Une série documentaire en quatre épisodes retrace l’affaire du patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Un de ses amis estime notamment qu’il n’a pas été récompensé pour son aide.
Après avoir organisé la rocambolesque fuite de Carlos Ghosn du Japon, l’ex-militaire américain Michael Taylor lui demande désormais des comptes dans un nouveau documentaire, diffusé par Apple TV+. «A la recherche de Carlos Ghosn», une série documentaire en quatre épisodes, réalisée par le Britannique James Jones, se base sur les enquêtes du «Wall Street Journal» pour dresser un portrait complet de l’ex-patron star de Renault-Nissan et de sa descente aux enfers. Apple TV+ doit diffuser la série partout dans le monde à partir du 25 août.
Comme le documentaire de la BBC en 2021, «A la recherche de Carlos Ghosn» exploite les ressorts très cinématographiques de l’affaire, depuis la carrière fulgurante de Carlos Ghosn jusqu’à son arrestation fin 2018 au Japon, sur des soupçons de malversations financières. «C’est un personnage plus grand que nature, avec d’énormes qualités, et de très gros défauts», a décrit à l’AFP le journaliste Nick Kostov, un des auteurs du livre qui a inspiré la série.
«Comme le sauver de la Corée du Nord»
La série d’Apple s’attarde sur sa fuite du Japon en jet privé, caché dans une boîte d’instrument de musique, grâce à l’expérimenté Michael Taylor et son fils David. Ceux-ci, comme d’autres victimes collatérales de l’affaire, ont fait de la prison pour leur implication. Carlos Ghosn reste depuis dans sa prison dorée au Liban, qui n’extrade pas ses ressortissants, même si l’homme d’affaires franco-brésilo-libanais fait l’objet de mandats d’arrêt émis par les justices japonaise et française.
Michael Taylor pensait que «l’évacuer du Japon était comme le sauver de la Corée du Nord», selon Nick Kostov. Mais la prison au Japon a brisé l’ex-soldat d’élite, ainsi que son fils. «Le séjour de Carlos en prison était de la rigolade comparé à ce que l’on a enduré», avec de longs séjours à l’isolement, décrit Michael Taylor dans le documentaire.
Blanchiment?
Il accuse désormais Carlos Ghosn de ne pas l’avoir rétribué à la hauteur du service rendu. «J’y ai mis un million de dollars de ma poche, en frais de justice», avance Michael Taylor. «Je suis un bon ami, mais je peux aussi être un grand ennemi. L’histoire est loin d’être finie», lance l’ancien militaire.
Au long du documentaire, Carlos Ghosn, 69 ans, est décrit comme un homme à qui le succès est monté à la tête, jusqu’à organiser une fête en son honneur au château de Versailles. D’anciens collaborateurs chez Nissan, mais aussi Louis Schweitzer, qui l’a placé à la tête du constructeur, ou l’ancien ministre français de l’Economie Arnaud Montebourg racontent comment il aurait perdu contact avec la réalité.
«Conflit d’intérêts typique»
Les reporters du «Wall Street Journal» s’intéressent ensuite à un schéma de blanchiment d’argent présumé passant par Oman, en se basant sur des extraits de la correspondance de Carlos Ghosn. Via ce schéma, des millions de dollars de primes venant de Renault auraient été attribués à un milliardaire omanais avant d’être reversés au patron de Renault-Nissan.
Selon Carlos Ghosn, il n’était rémunéré que pour des conseils en affaires. Selon un avocat de Renault, c’était «un conflit d’intérêts typique» et «très bien rémunéré». «Franchement, c’est tout ce qui restera après tout ce que j’ai réalisé?», lance Carlos Ghosn en conclusion. «Ça ne peut pas finir comme ça». Au Japon, il ne peut pas y avoir de procès en son absence. En France, l’homme d’affaires est encore sous la menace d’un procès.