ProcèsStormy Daniels est de retour au tribunal face à Donald Trump
Après un premier face-à-face tendu avec Donald Trump mardi, Stormy Daniels revient au tribunal à New York pour la suite de son interrogatoire.
La star de films X Stormy Daniels, au centre du procès historique de Donald Trump, est revenue témoigner jeudi au tribunal à New York, la suite d’un face-à-face tendu avec l’ex-président des Etats-Unis et ses avocats, qui vont chercher à la discréditer devant le jury.
Le candidat des républicains à la présidentielle de 2024 a dénoncé, à son arrivée au tribunal, un dossier «Frankenstein» que «personne ne comprend», et a annoncé un nouveau recours «majeur» contre l’interdiction selon lui «inconstitutionnelle» qui lui est faite de s’en prendre aux témoins ou aux jurés.
L’actrice et réalisatrice a elle repris sa place sur le fauteuil de témoin, après avoir déjà été entendue pendant cinq heures mardi. Elle a livré un témoignage sans filtre sur sa rencontre et la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue en 2006 avec l’actuel candidat des républicains à la présidentielle, en marge d’un tournoi de golf pour célébrités dans le Nevada.
Son audition se poursuit jeudi avec le contre-interrogatoire de la défense.
L’une des avocates de Donald Trump, Susan Necheles, a entamé l’exercice mardi en cherchant à la pousser dans ses retranchements, dépeignant Stormy Daniels comme une femme vénale, qui aurait tout intérêt à voir une condamnation de l’ex-président, à qui elle doit environ 600.000 dollars de frais judiciaires après un procès en diffamation perdu contre lui.
Donald Trump, déjà marié à l’époque à son épouse Melania, nie toute relation sexuelle avec Stormy Daniels.
Premier ancien président des Etats-Unis à comparaître au pénal, il est poursuivi pour la dissimulation d’un paiement de 130.000 dollars à l’actrice pour acheter son silence sur cet épisode à la toute fin de la campagne présidentielle de 2016.
Pyjama en soie ou en satin
Depuis le 15 avril, il doit s’asseoir presque chaque jour dans la salle d’audience du tribunal de Manhattan, et écouter en silence les débats, une obligation qui l’empêche de faire campagne à sa guise.
Répondant, nerveuse mais volubile, aux questions de la procureure, Stormy Daniels, 27 ans à l’époque, n’a rien caché mardi sur sa rencontre en 2006 avec le magnat: du «pyjama en soie ou en satin» qu’il portait dans sa suite d’hôtel, aux confidences sur son épouse - «nous ne dormons pas dans la même chambre» - jusqu’au fait qu’il n’a pas utilisé de préservatif.
Stormy Daniels a décrit sa réaction quand elle a trouvé, en sortant de la salle de bains, le milliardaire de 60 ans qui l’attendait dévêtu sur son lit. «J’ai senti le sang quitter mes mains», a-t-elle lâché. Si elle ne s’est pas sentie menacée, elle assure que l’intention de l’homme d’affaires «était assez claire» et que le «rapport de force était déséquilibré».
Ce moment unique du procès était nécessaire aux yeux de l’accusation, car c’est pour se taire dix ans plus tard, que l’actrice avait reçu 130'000 dollars de l’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen.
Et c’est bien à cause de la dissimulation du remboursement à l’avocat dans les comptes de sa holding, la Trump Organization, que Donald Trump est jugé aujourd’hui pour 34 délits de falsifications comptables, qui pourraient lui valoir une condamnation et en théorie jusqu’à une peine de prison.
Intimider le témoin
Mais la défense a dénoncé un déballage indigne et «extrêmement préjudiciable» pour le candidat des républicains, à six mois de son nouveau duel contre Joe Biden, le 5 novembre.
Le juge Juan Merchan a convenu que certains passages du témoignage auraient pu «rester sous silence».
Signe de la tension qui a régné, il a également demandé aux avocats de Donald Trump de tenir leur client, qui «jurait de manière audible» pendant le récit de Stormy Daniels, des réactions susceptibles d'«intimider le témoin».
Si les conséquences pour sa campagne d’une éventuelle condamnation sont difficiles à prédire, un acquittement de Donald Trump représenterait pour lui une victoire.
D’autant que le procès à New York risque d’être le seul à être jugé avant l’élection du 5 novembre, parmi les quatre affaires pénales dans lesquelles il est inculpé.