Patinage artistiqueKamila Valieva n’a pas craqué pour son retour à la compétition
Au cœur d’une retentissante affaire de dopage, la prodige russe du patinage artistique a dominé le programme court de l'épreuve féminine des Jeux olympiques de Pékin.
Pour son retour dans la lumière de la compétition, après plusieurs jours sombres, Kamila Valieva n'a pas tremblé: la prodige russe du patinage artistique, au cœur d'un retentissante affaire de dopage, a dominé le programme court de l'épreuve féminine des JO 2022, mardi à Pékin.
Habillée d'une robe mauve et impassible, Valieva, grande favorite pour l'or olympique à 15 ans, a bouclé le programme court de l'épreuve individuelle à la première place, comme attendu. Encouragée par des membres de la délégation russe en tribunes, la championne d'Europe 2022 a pourtant raté la réception d'un de ses premiers sauts et a réalisé son plus mauvais score de la saison sur un programme court alors qu'elle avait dépassé le seuil des 90 points lors de ses deux dernières compétitions.
Mais avec son score de 82,16 points, elle devance nettement sa compatriote Anna Shcherbakova (80,20 points) et la Japonaise Kaori Sakamoto (79,84 points), avant le programme libre où elle devrait multiplier jeudi soir les quadruples sauts, sa marque de fabrique.
Même si elle a semblé verser quelques larmes en sortant de la glace, avant de rejoindre son entraîneure, Eteri Tutberidze, même si elle a ensuite ignoré les questions des journalistes dans la zone réservée à la presse, Valieva a bien négocié la première partie de la compétition la plus importante de sa jeune carrière. Elle sortait pourtant d'une semaine de controverses qui pourrait faire craquer des patineuses bien plus âgées et expérimentées. Alors que les instances sportives russes et internationales se déchiraient sur son contrôle antidopage positif à la trimétazidine, elle avait continué à s'entraîner normalement, sans montrer aucun signe de fébrilité.
Son futur est incertain
Avant son programme court, elle avait tout de même confié à la télévision russe, en larmes, qu'elle était «fatiguée émotionnellement»: «Ces jours ont été très difficiles pour moi».
Lundi, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a confirmé, sans se prononcer sur le fond de l'affaire, la levée de la suspension provisoire décidée par l'agence antidopage russe (Rusada) et a donc donné son feu vert pour qu'elle poursuive ses JO, où elle a déjà remporté la compétition par équipes.
Mais elle n'en a pas fini avec les procédures, qui reprendront après les Jeux. Le Comité international olympique en a d'ailleurs tenu compte avec une mesure inédite: si elle devait finir parmi les trois premières jeudi au soir du programme libre, il n'y aura pas de cérémonie de remise de médailles, tant qu'une décision sur les conséquences du contrôle antidopage positif n'aura pas été prise.
Membre du CIO, Denis Oswald, en charge de la commission d'enquête après le scandale des JO 2014 de Sotchi, s'est refusé à faire le parallèle entre Sotchi et Pékin: «Il ne faut pas oublier que c'est le seul cas de ces Jeux. […] L'impression que j'ai est qu'on n'est pas face à un système de dopage d'Etat, organisé pour plusieurs sportifs et par plusieurs organisations», a-t-il déclaré.
Il a aussi révélé que la défense de la patineuse devant le TAS avait évoqué une possible contamination, avec l'absorption accidentelle d'un médicament que son grand-père prendrait.