Tuerie de PittsburghDébut du procès de l’auteur présumé de la pire attaque antisémite aux USA
Le 27 octobre 2018, Robert Bowers avait ouvert le feu dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, faisant onze morts.
Le procès de l’auteur présumé d’une attaque en 2018 contre une synagogue de Pittsburgh, la plus meurtrière contre des juifs dans l’histoire des États-Unis et pour laquelle il encourt la peine de mort, s’est ouvert mardi en pleine poussée d’actes antisémites dans ce pays.
63 chefs d’accusation
La sélection du jury du Tribunal fédéral de Pennsylvanie (nord-est) avait commencé le 24 avril pour une durée de quatre semaines, et le procès a vraiment démarré mardi pour juger Robert Bowers, 50 ans, poursuivi pour 63 chefs d’accusation. Ce routier blanc qui a d’abord plaidé «non coupable» – avant que ses avocats proposent en vain de plaider «coupable» en échange de la garantie qu’il ne serait pas condamné à mort – est accusé notamment d’avoir perpétré onze assassinats aggravés par la qualification d’acte antisémite.
«L’ampleur de la malveillance et de la haine de l’accusé se voit sur les corps brisés» des victimes, a tonné la procureure fédérale adjointe Soo C. Song dans sa première prise de parole, selon la presse judiciaire américaine.
En pleine cérémonie de shabbat
Le 27 octobre 2018, Bowers avait fait irruption dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, armé de trois pistolets et d’un fusil d’assaut semi-automatique. Criant «Tous les juifs doivent mourir», il avait ouvert le feu et tué onze personnes, dont une fidèle de 97 ans, en pleine cérémonie de shabbat dans un quartier juif historique de Pittsburgh, commettant l’attaque la plus sanglante contre des juifs aux États-Unis. Avant cela, il avait posté des messages racistes, antisémites et hostiles aux étrangers immigrés sur un réseau social d’extrême droite.
Le président d’alors, le Républicain Donald Trump, avait réclamé la peine de mort pour Robert Bowers, une demande suivie par le Ministère de la justice et confirmée après le début du mandat du président démocrate Joe Biden le 20 janvier 2021. Mais, alors que le candidat Biden s’était engagé en 2020 à abolir la peine de mort à l’échelon national, ce procès ravive aux États-Unis les débats autour de ce châtiment suprême encore pratiqué dans nombre d’États américains. Dès 2019, le procureur fédéral de Pittsburgh avait indiqué qu’il requerrait la peine de mort pour Robert Bowers, citant son «absence de remords» et «sa haine et son mépris» pour les juifs.
«Acte insensé»
Son avocate, Judy Clarke, a d’entrée reconnu que son client était bien l’homme qui avait tiré sur des juifs. «Il ne sert à rien de chercher du sens à un acte insensé», a-t-elle défendu, cherchant avant tout à sauver la vie de Bowers plutôt qu’à plaider son innocence.
Ce procès, qui devrait durer jusqu’en juillet, se tient dans un contexte de poussée d’actes racistes et antisémites aux États-Unis, qui ont atteint le niveau le plus haut depuis trente ans, d’après des statistiques de la police fédérale, le FBI, citées en avril par le «Washington Post». D’après l’organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League, le pays avait connu en 2021 un nombre record de 2717 actes antisémites (agressions, attaques verbales, dégradations matérielles…), soit une augmentation de 34% sur un an. En 2022, cette association a dénombré 3697 actes antisémites (+36% sur un an), du jamais-vu depuis 1979, selon le «Washington Post».