FootballAnalyse: Manuel Akanji à Manchester City, éloge de la flexibilité
Encensé par Pep Guardiola, le défenseur suisse s’est déjà rendu indispensable à sa nouvelle équipe. Parce qu’il sait à peu près tout faire, et bien.
- par
- Brice Cheneval
255 millions d’euros. C’est, selon les estimations de Transfermarkt, la somme dépensée par Manchester City pour recruter les cinq défenseurs centraux qui composent son effectif actuel. Manuel Akanji est de loin celui qui a coûté le moins cher (17,5 millions d’euros), mais il est celui qui joue le plus. Arrivé début septembre, le défenseur zurichois s’est immédiatement imposé, sans faire de bruit. Ses performances lui ont même valu d'être élu meilleur joueur de l’équipe en octobre.
Akanji est peut-être moins rayonnant que Ruben Dias et il ne possède pas autant d’élégance balle au pied qu’un Aymeric Laporte ou John Stones. En revanche, il fait preuve de fiabilité dans tous les domaines et possède une énorme faculté d’adaptation. En somme, un «cadeau pour l’entraîneur», a encensé Pep Guardiola en conférence de presse il y a un mois. «Manu a eu un impact considérable depuis sa venue. Le club a fait une incroyable acquisition avec lui», a poursuivi le technicien catalan.
Environnement mouvant
Le premier apport de Manuel Akanji est évidemment défensif. Recrue surprise des Skyblues en toute fin de mercato estival, l’international suisse au passeport nigérian a épaté supporters et observateurs par son calme, sa solidité dans les duels, la justesse de ses interventions et son sens de l’anticipation. Cependant, bien défendre ne suffit pas aux yeux de Pep Guardiola. Ce dernier exige un certain bagage technique ainsi qu’une grande souplesse tactique. Et sur ce deuxième point, les deux premiers mois d’Akanji à Manchester City sont un modèle.
Guardiola aime varier les systèmes et les compositions d’une rencontre à l’autre, afin de poser des problèmes différents à ses adversaires. L’ancien joueur de Bâle et Dortmund l’a vite expérimenté: en onze rencontres, il a déjà dû jongler entre trois postes différents.
Principalement utilisé comme défenseur central dans une défense à quatre, il a également été aligné dans une défense à trois et même latéral droit. Pour sa première dans ce rôle inhabituel, face à Southampton (4-0) le 8 octobre, Akanji avait rendu une copie impeccable et récolté les louanges de Pep Guardiola: «Il y a des joueurs auxquels vous avez besoin d’expliquer ce que vous voulez dix fois pour qu’ils comprennent. Lui, il lui suffit d’un entraînement. Il ne s’est pas entraîné une seule fois en tant que latéral et il s’en est parfaitement sorti. Les personnes intelligentes sont toujours récompensées.»
Copenhague, le match référence
Akanji - comme ses partenaires - ne doit pas seulement s’ajuster d’un match à l’autre, sinon pendant. L’un des marqueurs identitaires des équipes de Guardiola réside dans leur animation dite «liquide», en ce que les joueurs ont tout loisir de changer de zone, du moment que l’occupation collective du terrain est bonne et que les dépassements de fonction sont compensés. Avec les décrochages de Rodri, Bernardo Silva ou Kevin De Bruyne couplés aux montées de Joao Cancelo, Akanji est régulièrement amené à se décaler. En d’autres termes, il ne peut se cantonner à son positionnement originel. Mais il s'accommode entièrement de cette structure.
À lui seul, le match de Ligue des champions à Copenhague (0-0), le 11 octobre, résume toute la flexibilité du Zurichois. Axial droit dans une défense à quatre au coup d’envoi, il a fait office de variable d’ajustement quand Manchester City s’est retrouvé en infériorité numérique à la demi-heure de jeu. Les Anglais sont passés à trois derrière mais, toujours dans une logique d’équilibre structurel, ont alterné les dispositions tactiques. Au gré des séquences, Akanji s’est ainsi retrouvé défenseur central, latéral et même piston. Au total, quatre utilisations différentes en 90 minutes.
Aptitude à casser les lignes
Si le Suisse a aussi rapidement acquis la confiance de Pep Guardiola, c’est, en outre, par ses aptitudes balle au pied. Question de consignes ou d’adaptation, il fait jusqu’à présent preuve de sobriété, autant dans ses transmissions que ses déplacements. Son taux de réussite à la passe (94,5%) traduit la sécurité de ses choix.
Par bribes, il a toutefois montré qu’il était capable de casser les lignes adverses par la passe ou la conduite, deux qualités indispensables pour un défenseur «guardiolesque». Ce n’est pas pour rien s’il est l’un des Cityzens les plus sollicités (84,8 ballons touchés par match en moyenne). Et, souvent, la première solution à la relance.
À moins de deux semaines de l’entrée en lice de la Suisse au Mondial, Murat Yakin doit observer la situation avec délectation. Le sélectionneur s’apprête à récupérer un cadre en pleine confiance. Lequel ne se ferme aucune porte. «Je suis convaincu que nous pouvons réussir quelque chose de grand. Oui, j'aimerais bien gagner cette Coupe du monde», affichait-il auprès de Keystone-ATS lors du dernier rassemblement.
Pour Manuel Akanji, «sky is the limit». En ce moment, celui-ci est bleu azur.