États-UnisLa hausse des taux aura un impact sur l'économie mondiale
La Banque centrale américaine va, sauf surprise, relever mercredi ses taux d’intérêt, la seconde hausse en moins de deux mois avec l’objectif de juguler une inflation galopante.
![La Réserve fédérale à Washington DC. La Réserve fédérale à Washington DC.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/84de2ba2-b49e-445e-a104-c2fbd748fc83.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1355&fp-x=0.5&fp-y=0.5003690036900369&s=1cc7720ae4ae42531826cf951a188e9b)
La Réserve fédérale à Washington DC.
REUTERSLes questions sont nombreuses sur la politique monétaire à venir de la Réserve fédérale (Fed), qui devrait sauf surprise relever mercredi, ses taux d'intérêt, et sur ses effets qui pourraient être ressentis sur l’économie mondiale.
Quelle stratégie?
Aux États-Unis, l’enjeu est de tempérer les pressions sur les prix sans faire basculer la première économie mondiale dans la récession. Un exercice délicat alors que l’économie américaine a déjà fortement ralenti. Le PIB s’est même contracté de 1,4% au premier trimestre et l'inflation est au plus haut depuis 40 ans.
La hausse, mercredi, devrait être d’un demi-point de pourcentage, une première depuis mai 2000, ce qui porterait les taux dans une fourchette comprise entre 0,75% et 1%. En mars, la Fed avait signalé la possibilité de six autres hausses d’ici la fin de l’année. Une majorité d’économistes tablent désormais sur une autre augmentation encore plus agressive de trois quarts de point de pourcentage lors de la réunion de juin, ce qui serait une première depuis 1994.
Quel impact sur les marchés?
Des taux d’intérêt plus élevés peuvent avoir un impact négatif sur le marché boursier. Avec des coûts d’emprunts plus chers, les entreprises pourraient moins investir. Si leurs coûts sont plus élevés et leur activité est moins soutenue, une baisse des revenus et des bénéfices peut alors avoir un impact sur la valeur de leurs actions.
On ne peut pas non plus exclure un aspect psychologique sur la façon dont les investisseurs perçoivent les conditions du marché. Les traders pourraient se tourner vers des investissements plus défensifs, sans attendre que le long processus de hausses des taux d’intérêt se fasse sentir dans l’ensemble de l’économie.
Quel impact sur la dette des pays émergents?
Pour les économies émergentes et en développement, qui contractent des prêts en dollars, le risque est de crouler sous le coût du crédit. Depuis des mois, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale alertent sur les risques pour ces pays d’une remontée trop rapide des taux d’intérêt de la Fed.
Déjà très endettés avant la pandémie, ils ont en effet accumulé encore plus de dettes pendant la crise sanitaire, au point que 60% des pays à faibles revenus sont déjà surendettés ou pas loin de l’être.
Quel effet sur les flux de capitaux?
Lorsque les taux d’intérêt augmentent aux États-Unis ou dans d’autres économies avancées, les investisseurs retirent des fonds des marchés émergents où ils s’étaient précipités en quête de rendements plus rémunérateurs. En 2013, avant même la hausse des taux, les investisseurs avaient anticipé une baisse des injections de liquidités de la Fed, ce qui avait fait chuter les monnaies brésilienne, turque ou indienne.
Y a-t-il un risque d’une récession?
Les investisseurs attendent particulièrement la conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell, mercredi, à l’affût de commentaires sur la manière dont les taux d’intérêt pourraient augmenter au-delà de cette réunion.
La Fed est également susceptible de commencer à réduire son portefeuille d’actifs de 9000 milliards de dollars à partir de juin, à un rythme beaucoup plus rapide que lors d’une précédente réduction de ses avoirs il y a cinq ans. L’enjeu est de modérer l’inflation sans faire basculer la première économie du monde en récession.
Experts rassurants
Les inquiétudes à ce sujet ont augmenté ces dernières semaines, alors que la croissance s’essouffle. Les experts se veulent rassurants, relevant que la consommation, moteur historique de la croissance aux États-Unis, se maintient. Mais dans un contexte de guerre en Ukraine, de ralentissement de l’économie chinoise et européenne, une récession ne semble plus un risque lointain.
Les dirigeants de la Fed estiment pour l’heure qu’ils seront capables de ramener l’inflation à leur objectif de 2% sans porter les taux à plus de 3% pour éviter de faire caler la demande. Il s’agit selon eux d’une fourchette «neutre» conçue pour ni stimuler, ni ralentir la croissance économique.