Russie: la tension gagne ceux qui vivent dans la zone frontalière avec l’Ukraine

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RussieLa tension gagne ceux qui vivent dans la zone frontalière avec l’Ukraine

Moscou a accusé jeudi des combattants ukrainiens d’avoir tué deux civils lors d’une attaque transfrontalière. Depuis, les habitants avouent vivre dans la peur.

Klimovo est une ville industrielle dans laquelle est érigé un monument à la mémoire du dirigeant soviétique Vladimir Lénine. Elle est située non loin des villages de Lyubechane et Sushany, où ont eu lieu les attaques de jeudi.

Klimovo est une ville industrielle dans laquelle est érigé un monument à la mémoire du dirigeant soviétique Vladimir Lénine. Elle est située non loin des villages de Lyubechane et Sushany, où ont eu lieu les attaques de jeudi.

AFP

La tension régnait vendredi chez les Russes de la région frontalière de Briansk après que Moscou a accusé des combattants ukrainiens d’avoir tué la veille deux civils lors d’une attaque transfrontalière. Alors que certains se demandent comment des «nationalistes ukrainiens» ont pu franchir la frontière, d’autres affirment que la région s’est changée en poudrière depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, il y a un an.

Après l’attaque de jeudi, les habitants vaquaient vendredi à leurs occupations, mais la tension était palpable. «Nous avons peur de tout», déclare Olga Ulyanova, une retraitée de 62 ans, près d’un marché à Klimovo, une ville industrielle dans laquelle est érigé un monument à la mémoire du dirigeant soviétique Vladimir Lénine. «Je vis seule et je suis inquiète. Les bandits pourraient venir, défoncer ma porte et me tuer», dit-elle, avant d’ajouter: «Les gens attendent et ont peur de tout.»

Klimovo, 13’500 habitants, est située non loin des villages de Lyubechane et Sushany, où ont eu lieu les attaques. Oleg Poshlov, un bibliothécaire de 38 ans, compare la ville à une «poudrière», mais assure soutenir les autorités. «Jamais nous n’abandonnerons notre pays», dit-il.

«Nos garçons nous protégeront»

Jeudi, Moscou a affirmé qu’un groupe de «nationalistes ukrainiens» avait franchi la frontière et pénétré dans la région de Briansk, tuant deux civils et blessant un enfant de 11 ans. Le président Vladimir Poutine a qualifié l’incident «d’attaque terroriste», tandis que les autorités ukrainiennes ont affirmé qu’il s’agissait d’une «provocation».

Les services de sécurité intérieure russe (FSB) ont assuré que les assaillants avaient été repoussés en Ukraine et visés par une «frappe d’artillerie massive». Mais les habitants s’interrogent. Pour Elena Romanenko, 47 ans, qui travaille dans une épicerie, cet événement est «très inattendu». Elle pensait que les militaires russes étaient «mieux formés et que nos frontières étaient mieux protégées».

Régulièrement bombardées

Les régions frontalières russes, dont Briansk et Kursk, ont été depuis le début de la guerre régulièrement bombardées par les forces ukrainiennes, mais l’incursion présumée est un rare exemple d’affrontement à l’intérieur du territoire russe. Elena Romanenko déclare toutefois avoir confiance dans les forces russes. «Nos garçons nous protégeront», dit-elle.

De nombreux habitants refusent de répondre aux questions de journalistes. Certains assurent toutefois se sentir abandonnés et espèrent que les autorités vont renforcer la sécurité. «Nous ne comprenons pas pourquoi il n’y a pas de soldats en ville», déclare une femme de 66 ans, qui demande à rester anonyme.

Une autre femme, 47 ans, explique avoir préparé une valise en cas d’urgence et avoir en permanence sur elle ses papiers d’identité, au cas où elle et sa famille devraient «fuir». «Nous sommes toujours tendus», dit-elle. «Bien sûr, la situation est un peu inquiétante», concède Nikolai Samusev, maire du village voisin de Novyi Ropsk. «Nous ne nous attendions pas à cela.»

(AFP)

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