CoronavirusLe Covid long est surtout dû à l’infection plus qu’au stress de la pandémie
Une large étude genevoise montre que les symptômes à long terme sont provoqués essentiellement par la maladie, même si le facteur psychologique et social joue un rôle.
- par
- Michel Pralong/comm
C’est une conséquence connue du coronavirus: des nombreuses personnes souffrent de symptômes trois mois et plus, après avoir été infectées. Cela a été nommé le Covid long. Mais lesdits symptômes sont très nombreux et varient d’un malade à l’autre. Une question se posait: ces maux durables sont-ils dus majoritairement à l’infection proprement dite ou, au contraire, à des effets indirects induits par la situation même de la pandémie, notamment les mesures sanitaires de confinement et les conséquences sociales et économiques qui en découlent? Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Université de Genève (UNIGE) ont mené une vaste étude et trouvé la réponse: le Covid long est essentiellement dû à l’infection.
Comparaison avec les non infectés
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé des personnes ayant été testées positives au Covid à un groupe témoin qui ne l’avait pas attrapé. Ils ont sélectionné 1447 personnes qui étaient venues se faire tester aux HUG en présentant des symptômes d’une infection. 20% d’entre elles ont eu un test PCR positif et 80% un négatif, donc quatre fois plus de non infectés.
Ces personnes ont été suivies par un questionnaire d’avril à juillet 2021, soit pour les personnes positives, un an après leur infection (par le variant Alpha). Résultat: 33,4% des personnes qui ont eu le Covid présentaient des symptômes résiduels légers à modérés. C’est donc tout de même une personne sur 3 qui est victime d’un Covid long encore un an après l’infection. Mais, chez celles qui avaient eu un test négatif, 6,5% d’entre elles ont également fait état de symptômes. «Nos résultats confirment que la cause principale du Covid long est bien l’infection par le virus, mais qu’il faut aussi considérer une part indirecte engendrée par la situation pandémique», précise la première auteure de l’étude parue dans le «Journal of Internal Medecine», la Dre Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours des HUG.
Hommes et femmes de tous âges concernés
Les principaux symptômes ressentis par les participants à l’étude sont la fatigue, la gêne respiratoire, les maux de tête, l’insomnie et les difficultés de concentration. Les personnes infectées par le coronavirus ont rapporté que ces symptômes impactaient leur capacité à mener les activités de la vie quotidienne dans 30,5% des cas, contre 6,6% pour le groupe témoin. La productivité ou la capacité de travailler sont notamment jusqu’à trois fois inférieures chez les personnes infectées. La Dre Mayssam Nehme s’en inquiète: «Cette perte de capacité fonctionnelle atteint la vie sociale, professionnelle et personnelle. Elle pourrait donc avoir un coût non négligeable pour la société». D’autant que tout le monde semble concerné: les hommes comme les femmes, les personnes en dessous de 60 ans et indépendamment d’antécédents médicaux ou psychiatriques.
«Ces résultats confirment que l’affection à long terme est complexe, qu’elle peut avoir un impact sur le quotidien, et nous n’en apercevons certainement qu’une partie. Il est donc nécessaire de mettre en place une prise en charge adaptée, c’est-à-dire pluridisciplinaire compte tenu de la grande diversité des symptômes», indique le Pr Idris Guessous, médecin-chef du Service de premier recours des HUG et professeur associé au Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE.
Les responsables de l’étude ont ainsi créé la plateforme RAFAEL en novembre 2021. Elle permet aux personnes, quel que soit leur âge, de déterminer si elles présentent ou non des symptômes post-COVID et de les orienter dans le réseau de soins.
Il faut toujours éviter d’être contaminé
En outre, même si le variant Omicron provoque généralement des symptômes moins marqués que ses prédécesseurs, on ne connaît pas encore bien ses effets sur le long terme. C’est pour cela que les milieux médicaux doivent continuer à surveiller les patientes et les patients, et les encourager à éviter l’infection ou la réinfection, quels que soient leur âge, leur sexe et leur état de santé, afin de réduire le risque de contracter un syndrome du Covid long.
Ce que cette étude a également montré, c’est que la situation vécue pendant la pandémie a aussi eu un fort impact sur la santé psychologique des gens, qui s’est dégradée, ceci indépendamment d’une infection. Les niveaux d’anxiété et de dépression sont même plus hauts dans le groupe des personnes non infectées.