Royaume-UniUn troisième anniversaire morose pour le Brexit
Mardi, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne fête ses trois ans. Avec une inflation à plus de 10%, 45% des Britanniques estiment que le Brexit se passe moins bien qu’attendu.

L’opinion, longtemps divisée, penche désormais en défaveur du Brexit.
AFPLe Premier ministre britannique Rishi Sunak a défendu le Brexit comme une «immense opportunité» au troisième anniversaire de la rupture historique avec l’Union européenne, marqué mardi dans la morosité au Royaume-Uni, entre crise sociale et regrets croissants.
Le Fonds monétaire international a encore ajouté au flot récent de mauvaises nouvelles, mardi : selon ses dernières prévisions, le pays va être cette année la seule économie majeure à subir une récession, avec une contraction de 0,6% de son économie. Même la Russie en guerre et sous sanctions est attendue en croissance.
Inflation de plus de 10%
Depuis des mois, le Royaume-Uni se débat avec une inflation dépassant 10% et des mouvements sociaux. Mercredi, des grèves sans précédent depuis dix ans sont attendues, dans l’éducation et les transports en particulier.
Trois Premiers ministres se sont succédé l’an dernier, l’Irlande du Nord est paralysée politiquement alors que Londres essaye de convaincre Bruxelles de revenir sur le statut post-Brexit de la province. Malgré les promesses de contrôle des frontières et les plans successifs anti-immigration, les traversées illégales de la Manche sont sans cesse plus nombreuses – plus de 45’000 migrants, l’an dernier.
Les promesses de liberté retrouvée des Brexiters paraissent bien loin, et l’heure est désormais au «Bregret»: l’opinion, longtemps divisée, penche aujourd’hui en défaveur du Brexit. Selon un sondage Ipsos publié lundi, 45% des Britanniques estiment que le Brexit se passe moins bien que prévu – contre seulement 28% en juin 2021. Ils sont 9% à penser l’inverse.
«Je suis déterminé»
Brexiter de la première heure, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, qui marque jeudi ses 100 jours à Downing Street, s’est employé malgré tout à défendre le bilan de la sortie de l’Union européenne. «Nous avons fait d’énormes progrès en exploitant les libertés offertes par le Brexit pour relever des défis générationnels», a-t-il affirmé, dans un communiqué. «Je suis déterminé à faire en sorte que les avantages du Brexit continuent à donner du pouvoir aux gens et aux entreprises dans tout le pays».
Le communiqué de Downing Street souligne «l’immense opportunité» de la sortie de l’UE, notamment «pour la croissance de l’économie britannique». Il cite la création de ports francs, des zones considérées hors du territoire douanier du pays et bénéficiant donc d’une fiscalité avantageuse, et les perspectives ouvertes selon lui par la dérégulation post-Brexit.
Fin de 47 ans d’appartenance
Le 31 janvier 2020 marquait la fin de 47 ans d’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne et, après la victoire électorale écrasante de Boris Johnson, la conclusion de près de quatre ans de déchirements politiques suivant le choc du référendum de 2016.
S’ouvrait alors une période de neuf mois de transition avec, in extremis, un accord de libre-échange brandi comme un cadeau de Noël par Boris Johnson, pour éviter un «no deal» synonyme de rupture brutale et de chaos économique.
Pénuries de main-d’œuvre
Trois ans plus tard, les dégâts économiques sont là, même si la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont considérablement aggravé la situation. Selon l’organisme public de prévision budgétaire OBR, la sortie de l’UE réduira la taille de l’économie britannique d’environ 4% à long terme.
Le Royaume-Uni a pris ses distances avec son principal partenaire économique, d’où il importe notamment une grande partie de la nourriture qu’il consomme. Les pénuries de main-d’œuvre ont été aggravées par la difficulté de faire venir des travailleurs européens. Pas question cependant de revenir en arrière, même pour l’opposition travailliste, en avance considérable dans les sondages, à moins de deux ans des prochaines législatives.