Violences sexuellesAprès la libération anticipée de condamnés, Madrid va revoir sa loi
En Espagne, la loi contre les violences sexuelles sera changée, pour effacer des «effets indésirables». Elle a permis l’introduction du consentement explicite, mais aboli la distinction entre abus et agression.
Après plusieurs semaines de vive controverse, le gouvernement de gauche espagnol a annoncé, lundi, qu’il allait modifier sa loi phare contre les violences sexuelles, qui a eu pour effet pervers de faire sortir de prison certains condamnés en réduisant leurs peines. «Nous travaillons sur un plan technique pour apporter, si nécessaire, quelques ajustements à cette loi, dont nous sommes fiers mais qui a des effets indésirables que nous allons essayer d’éviter avec ces modifications», a déclaré la porte-parole du gouvernement, Isabel Rodriguez.
Surnommée «Seul un oui est un oui», cette loi contre les violences sexuelles a introduit l’obligation de consentement sexuel explicite, une promesse faite par le gouvernement après un viol collectif qui avait indigné le pays. Le texte, entré en vigueur le 7 octobre, a ainsi aboli la distinction entre le délit d’«abus sexuel», aux peines plus faibles, et l'«agression sexuelle», qui incluait le viol et nécessitait la présence de violence ou d’intimidation pour être retenu. Désormais, toutes les violences sexuelles sont des «agressions sexuelles» dans le Code pénal.
Certaines violences moins sévèrement punies
La mise en œuvre de cette loi a cependant entraîné une vive polémique, le texte ayant paradoxalement abaissé les peines pour certains types de violences sexuelles, ce qui a eu pour effet «pervers» de faire sortir de prison certains condamnés.
En Espagne, les peines sont modifiées rétroactivement si une modification du Code pénal bénéficie aux condamnés. Selon les médias espagnols, 20 personnes sont ainsi sorties de prison, ces dernières semaines, tandis que 300 autres ont bénéficié de réduction de peines.
Les fuites dans la presse, durant le week-end, autour de la volonté des socialistes du Premier ministre, Pedro Sánchez, de réformer cette loi ont donné lieu à de vives passes d’armes avec leurs partenaires de gauche radicale de Podemos, au sein de la coalition au pouvoir. Le Parti populaire, principal parti d’opposition à droite, a avivé les tensions en s’empressant d’offrir son soutien parlementaire aux socialistes s’ils souhaitaient procéder aux changements sans le soutien de Podemos.