France: Chercheur renommé condamné pour harcèlement et agression sexuelle

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FranceChercheur renommé condamné pour harcèlement et agression sexuelle

Officiant à l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Didier Raoult, Eric Ghigo a été condamné à 18 mois de prison dont six mois ferme.

L'Institut hospitalier universitaire des maladies infectieuses (IHU), situé à Marseille.

L'Institut hospitalier universitaire des maladies infectieuses (IHU), situé à Marseille.

AFP

Un chercheur renommé, révoqué en 2017 par le CNRS, a été condamné lundi, à 18 mois de prison dont six mois ferme pour harcèlement moral et sexuel et agression sexuelle de deux collègues féminines à l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Didier Raoult. La peine de prison ferme sera purgée sous bracelet électronique et a été assortie de douze mois de sursis probatoire, a annoncé le tribunal.

Propos répréhensibles

Brillant chercheur dont les recherches sur un ver immortel lui avaient valu une renommée internationale, Eric Ghigo, 49 ans, avait reconnu «des propos répréhensibles», lors de l’audience du 5 mai, mais contesté avoir agressé sexuellement les deux plaignantes. Alors directeur d’un laboratoire de l’IHU, il était poursuivi pour des propos tels que «bon les filles, c’est 16 heures, c’est l’heure de la pipe, c’est qui qui s’y colle», ou encore «tu es charmante… tu devras passer sous le bureau».

Les deux femmes qui se sont constituées parties civiles ont également décrit des gestes relevant de l’atteinte sexuelle. Une jeune étudiante tunisienne venue en 2015 faire son stage de fin d’études a ainsi expliqué qu’Eric Ghigo était «devenu agréable quand il a commencé à me toucher, à me caresser. Il n’y avait alors plus de reproches sur le travail». Par peur de ne pas valider son diplôme, la jeune femme avait gardé le silence.

Il fait appel

Une ingénieure avec laquelle Eric Ghigo avait entretenu une relation d’amitié avant qu’elle ne dégénère a raconté qu’elle faisait mine de ne pas entendre lorsque son «boss» lui lançait lors de sa grossesse : «J’ai jamais couché avec une femme enceinte». «Vous êtes coléreux, graveleux, mais pas plus que ce qui se pratique dans les milieux médicaux carabins. Mais jamais un attouchement ambigu ?», avait relevé le président du tribunal, Pierre Jeanjean, résumant la position du prévenu.

Informé de la situation, le professeur Didier Raoult avait déplacé son collègue deux étages plus bas, dans un open-space. A l’audience, l’ex-chercheur avait reçu le soutien de plusieurs témoins, qui avaient évoqué un possible complot et une forme de jalousie de la part de son supérieur. Son défenseur, Me Brice Grazzini, avait réclamé la relaxe, pour un dossier «plein de contradictions et d’interrogations», les faits jugés intervenant à une période difficile marquée par la maladie de son épouse. Contacté lundi, il a indiqué que son client faisait appel de cette décision.

Propos confirmés par d’autres

Le tribunal a relevé que les propos incriminés avaient été confirmés par d’autres témoins. Au titre des obligations du sursis probatoire, le tribunal a imposé au prévenu, pendant deux ans, une obligation de travail, de soins, d’indemniser les victimes et une interdiction de toute fonction d’encadrement. Il devra en outre verser des dommages et intérêts aux deux jeunes femmes.

Partie civile, l’université d’Aix-Marseille, a obtenu un euro symbolique de dommages et intérêts. Dans un communiqué, la CGT de l’université a salué «le courage de (leurs) deux collègues». Le syndicat a par ailleurs dénoncé le fait que Pierre-Edouard Fournier, le candidat proposé pour succéder au controversé Pr Raoult à la tête de l’IHU, «a fait partie des témoins en défense d’Eric Ghigo», alors même que ce dernier avait déjà été radié du CNRS pour des faits de même nature.

(AFP)

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