FranceLa nouvelle taxe sur l’aérien et les autoroutes suscite la grogne
Jeudi, le secteur aérien et des autoroutes montaient déjà aux créneaux, après l’annonce faite par le gouvernement français de créer une nouvelle taxe dans ces secteurs.
Aéroports, compagnies aériennes, concessionnaires d’autoroutes… Les critiques se multiplient jeudi, à propos de la nouvelle taxe sur les infrastructures de transport prévue dans le budget 2024 pour financer la transition écologique, le gouvernement restant confiant face à d’éventuels recours juridiques.
Air France a dénoncé jeudi une «nouvelle distorsion de concurrence» qui va «faire du mal» aux compagnies aériennes françaises. «Ce projet introduit des distorsions de concurrence entre les compagnies françaises et les compagnies étrangères comme Ryanair, qui desservent la France depuis des aéroports comme Beauvais et ne subiraient pas les effets de cette taxation», a pointé jeudi, Air France, dans un communiqué.
En cause: le périmètre de la taxe, qui s’applique à partir de 120 millions d’euros (quelque 116 millions de francs) de chiffre d’affaires et d’un certain seuil de rentabilité, frappant ainsi toutes les sociétés d’autoroutes, mais seulement les plus gros aéroports, comme Paris (Roissy et Orly), Nice, Marseille et Lyon.
Répercussion de la taxe
Le groupe Aéroports de Paris (ADP) a, dans la foulée, annoncé qu’il prévoyait de «répercuter» progressivement la majorité de cette taxe sur les compagnies aériennes. «Ce n’est pas du tout une bonne nouvelle» pour Air France, a souligné sa directrice générale, Anne Rigail.
Sur RTL, elle a tancé un projet de loi ne concernant que «les gros aéroports», sur lesquels «Air France mais aussi l’ensemble des compagnies françaises opèrent majoritairement», et pas un «aéroport comme Beauvais, sur lequel le low-cost étranger opère».
Et ce alors que «quand on regarde les niveaux de trafic depuis quinze ans, le poids des compagnies françaises régresse d’année en année», a souligné la patronne d’Air France. La taxe «va nous faire du mal», a-t-elle affirmé. L’Union des aéroports français (UAF) a également indiqué dès mercredi se «réserver la possibilité d’un recours juridique».
Interrogé jeudi lors d’une conférence de presse Clément Beaune a «assumé» la différenciation par chiffre d’affaires. «Il y a effectivement un seuil» et «je pense que c’est plus juste», a-t-il défendu, évoquant des aéroports régionaux avec «moins de moyens financiers». «Nous nous félicitons qu’Air France soit aujourd’hui en capacité d’investir massivement», a-t-il ajouté, en référence à la commande par le groupe de 50 avions long-courriers Airbus A350, annoncée lundi.
Recours
Les concessionnaires autoroutiers, qui devraient payer les trois quarts des 600 millions d’euros de recettes attendus selon les estimations du ministère des Transports, y sont également opposés et réclament une compensation par une hausse des péages. Le gouvernement assure de son côté que les usagers des autoroutes ne paieront pas la nouvelle taxe.
Eiffage, qui exploite 2323 km d’autoroutes en France via notamment ses filiales APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) et AREA, a évalué dans un communiqué à «environ 117 millions d’euros du résultat opérationnel courant consolidé du groupe» l’incidence qu’aurait eue cette taxe sur ses résultats en 2022.
«Eiffage s’engage auprès de ses actionnaires à mettre en œuvre toutes les voies de recours et tous les moyens appropriés, afin de faire valoir ses droits, notamment quant au respect du contrat» avec l’État, ajoute le communiqué.
Vinci, qui aurait payé 100 millions d’euros en 2022, a également dénoncé une «violation de la parole de l’État». Les concessions stipulent en effet qu’ «en cas de modification, de création ou de suppression (…) d’impôt, de taxe ou de redevance spécifique aux sociétés concessionnaires d’autoroutes», ces dernières ont droit à «des mesures de compensation, notamment tarifaires», a relevé le Conseil d’État.