Ski alpin: Aux Mondiaux juniors, qui sera la future star du ski?

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Ski alpinAux Mondiaux juniors, qui sera la future star du ski?

Cette semaine, dans plusieurs stations françaises, de jeunes athlètes vont chasser les médailles. La Suisse tient-elle ses futurs Marco Odermatt et Lara Gut-Behrami?

Sylvain Bolt
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Sylvain Bolt
La Valaisanne Malorie Blanc, qui a fêté son premier podium de Coupe d’Europe le 25 janvier dernier en France, sera la cheffe de file de la vitesse helvétique.

La Valaisanne Malorie Blanc, qui a fêté son premier podium de Coupe d’Europe le 25 janvier dernier en France, sera la cheffe de file de la vitesse helvétique.

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Toutes et tous rêvent d'imiter Marco Odermatt. Le Nidwaldien avait été le héros des Mondiaux juniors de ski alpin à Davos, en 2018, avec cinq titres mondiaux (descente, super-G, géant, combiné et épreuve par équipes). 

Du 30 janvier au 3 février, des athlètes nés entre 2003 et 2006 (maximum de 16 par nation et pas plus de 10 par sexe) participeront aux Mondiaux qui se disputent dans les stations françaises des Portes du Soleil, tout près de la Suisse. Parmi ces potentiels futurs cracks du Cirque blanc figurent plusieurs Suisses, dont deux Romandes et un Romand. Tour d’horizon des forces en présence avec Valentin Crettaz, l’un des coaches de la délégation suisse.

Malorie Blanc, cheffe de file de la Romandie

Malorie Blanc vient de signer le premier podium en Coupe d’Europe de sa prometteuse carrière. C’était le 25 janvier dernier à Orcières Merlette en super-G (3e). À 20 ans, la skieuse d’Ayent fait partie des favorites des épreuves de vitesse.

«Vu sa courbe de forme, l’objectif pour Malorie est une médaille en super-G et en descente, ne cache pas Valentin Crettaz, responsable du groupe élite relève hommes de Swiss-Ski. C’est le fer de lance de toute l’équipe de vitesse en Coupe d’Europe. Elle a également skié comme ouvreuse lors des épreuves de Coupe du monde en décembre à Saint-Moritz, ce qui lui a permis de comparer ses lignes face aux meilleures skieuses du monde.» 

Cette semaine en France, ses performances aux Mondiaux juniors pourraient lui ouvrir les portes de sa première Coupe du monde, mi-février à Crans-Montana. La prometteuse Valaisanne emmènera dans son sillage la jeune Annie Farquet, plus habituée aux courses FIS (troisième échelon). La technicienne du val de Bagnes vivra, à 19 ans, sa première compétition internationale de cette envergure. «Elle peut jouer sur le fait qu’elle n’est pas du tout attendue, elle peut juste profiter et réaliser un coup car elle monte en puissance», se réjouit le coach suisse. 

Le Bagnard Denis Corthay peut viser l’or en super-G.

Le Bagnard Denis Corthay peut viser l’or en super-G.

Swiss-Ski/Stephan Bögli

Le seul sélectionné romand se nomme Denis Corthay. Le skieur du Châble est attendu en vitesse. «C’est le grand favori du super-G et il aura aussi une carte à jouer en descente», précise son coach valaisan. L’athlète de 20 ans fait actuellement ses armes dans l’antichambre de la Coupe du monde, sur le circuit européen. Il y a notamment signé un podium en super-G (2e à Wengen en janvier 2023).

Stephanie Grob comme «Odi»?

C’est l’un des plus grands espoirs du ski helvétique. Lors des Mondiaux 2023 à Sankt-Anton (Autriche), Stefanie Grob avait réalisé une moisson presque aussi belle que Marco Odermatt quelques années plus tôt. L’Appenzelloise avait ramené quatre médailles: or en descente et combiné par équipes, argent en super-G et géant. 

Régulièrement aligné en géant cette saison en Coupe du monde, le talent de 19 ans continue de faire ses armes en Coupe d’Europe. Lauréate du titre de «meilleur talent suisse» pour la troisième fois consécutive lors des derniers Swiss Sports Awards, la jeune femme pourrait bien compléter sa panoplie de médailles aux Portes du Soleil. 

Vice-championne du monde de slalom l’an passé, la Zurichoise Janine Mächler (19 ans) visera une médaille entre les piquets serrés. «Plusieurs de nos athlètes féminines ont déjà participé à des évènements majeurs chez les juniores et vécu des premières expériences en Coupe du monde, souligne Valentin Crettaz. Mais c’est le cas de beaucoup d’autres skieuses et le niveau sera très élevé dans les courses féminines.» 

Les skieurs suisses misent sur la vitesse

Côté masculin, la délégation helvétique sera emmenée par Livio Hiltbrand, champion du monde junior de descente (et médaillé de bronze en descente) en 2023. Le Bernois de 20 ans devra se méfier de son compatriote Lenz Hächler (vice-champion du monde de super-G en 2023), mais aussi du Schwytzois Philipp Kälin (19 ans). «Avec Denis (ndlr: Corthay), cela nous offre quatre réelles chances de titre ou de médaille en vitesse, se réjouit l’entraîneur responsable des skieurs suisses. Cela va être intéressant, pour nous les coaches, de réussir à gérer cette pression et d’aller chercher des médailles.» 

En technique, les skieurs suisses masculins auront plus de peine. «C’est un peu plus compliqué dans le sens où les Suisses partent plus loin, à part Lenz Hächler qui part dans le premier groupe dans les disciplines techniques, explique Valentin Crettaz. D’autres jeunes internationaux ont de meilleurs points, car ils ont plus vite leur chance en Coupe du monde. En Suisse, nous avons un problème de «riches», car il y a très peu de places libres au sommet.»

La Suisse ne se donne pas d’objectif chiffré, mais vise «en tout cas trois médailles chez les garçons», selon Valentin Crettaz. L’an passé, elle était revenue du Tyrol avec un total de huit médailles (dont trois titres mondiaux). 

Les «épouvantails» norvégiens en technique

Les Norvégiens risquent de tout rafler en technique, notamment en slalom, où le grand espoir Theodor Braekken compte bien se faire un nom après avoir marqué ses premiers points en Coupe du monde à Kitzbühel le 21 janvier. «Depuis tout petit, leur mentalité est différente: ils font de la compétition pour gagner, observe Valentin Crettaz. Contrairement à la Suisse, les Norvégiens mettent le sport en priorité par rapport aux études.» 

L’entraîneur valaisan, qui côtoie les futurs cracks norvégiens, voit aussi une différence culturelle dans la suprématie en technique des rivaux. «Dans chaque village ou presque, il y a un téléski et les jeunes norvégiens enchaînent les manches sur des pistes nocturnes après l’école, souligne-t-il. Les pistes d’entraînement de vitesse, l’été à Zermatt ou Saas-Fee, donnent un avantage comparatif aux Suisses et expliquent pourquoi des Arnaud Boisset, Alexis Monney ou Franjo von Allmen réussissent rapidement à se faire une place dans l’élite en vitesse.» 

Quelles sont les stars internationales à suivre?

«Sans hésiter: Flavio Vitale!», lâche Valentin Crettaz. Le prodige français de 18 ans a même déjà pu enfiler deux dossards de Coupe du monde. À Val d’Isère en décembre puis à Adelboden en janvier, sans parvenir à se qualifier pour la deuxième manche des géants. «Il a annoncé en début de saison sa volonté de gagner les Mondiaux à la maison et il peut clairement réaliser le doublé en technique (ndlr: géant et slalom), tranche admiratif le coach suisse. C’est une sorte d'extraterrestre à la Marco Odermatt!»

Chez les femmes, le prodige allemand Emma Aicher (20 ans) vivra sa dernière compétition chez les juniors. Trois fois vice-championne du monde 2022 (géant, slalom et descente) à Panorama (Canada), la skieuse polyvalente – qui a déjà signé quatre top 10 en Coupe du monde – s’était ratée l’an passé en Autriche. 

«C’était la grande favorite, mais elle avait peut-être pensé que skier à 95% allait suffir et elle s’était plantée», rappelle Valentin Crettaz. Résultat: deux 4e places (slalom et super-G), une 5e en géant et une 6e en descente. L’Allemande va-t-elle se racheter dans le Chablais?

Autre (future) star féminine du Cirque blanc, l’Albanaise Lara Colturi a un titre mondial à défendre en super-G. La fille de l’ancienne skieuse Italienne Daniela Ceccarelli est déjà une habituée de la Coupe du monde depuis deux saisons, alors qu’elle n’a que 17 ans.

La délégation suisse

Malorie Blanc (Anzère Ski Team)

Anuk Brändli (SC Arosa)

Annie Farquet (SC Bagnes)

Stefanie Grob (SC Brülisau)

Nora Guggisberg (SC Flumserberg)

Laura Huber (SAK Haslital Brienz)

Janine Mächler (SC Hausen am Albis)

Isabella Pedrazzi (SC Altendorf)

Denis Corthay (SC Bagnes)

Mauro De Almeida (Flimserstein Race Team)

Lenz Hächler (SC Oberwil-Zug)

Livio Hiltbrand (SC Weissenburg)

Philipp Kälin (SC Stoos)

Florian Vogt (SC Reigoldswil)

Aurelio Wyrsch (SC Valens)

Thomas Zippert (SC Arosa) 

Le programme des épreuves

Mardi, 30 janvier 2024

11 heures: descente femmes (Châtel); 12 heures: descente hommes (Châtel). 

Mercredi, 31 janvier 2024

10h30: super-G femmes (Châtel); 11h30: super-G hommes (Châtel); 17h30: combiné équipe femmes (Morzine); 18h15: combiné équipe hommes (Morzine).

Jeudi, 1 février 2024

17 heures: équipe parallèle femmes et hommes (Les Gets).

Vendredi, 2 février 2024

10 heures: géant femmes (St. Jean d'Aulps); 15 heures: slalom hommes (Morzine).

Samedi, 3 février 2024

10 heures: slalom femmes (Avoriaz); 10 heures: géant hommes (St. Jean d'Aulps).

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