Parlement – La réforme AVS est sous toit mais le peuple devra trancher

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ParlementLa réforme AVS est sous toit mais le peuple devra trancher

Après de longues navettes entre les Chambres, le Parlement a enfin adopté le projet AVS21. La gauche vient de lancer un référendum sur cette réforme «qui se fait sur le dos des femmes».

Christine Talos
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Christine Talos

Le Parlement a mis définitivement sous toit mercredi la réforme de l’AVS, dite AVS21. Mais la gauche, fâchée du résultat final, vient d’annoncer que ce sera au peuple de trancher. En effet, l’Union syndicale suisse (USS) va, dans le cadre d’une vaste alliance de gauche, saisir le référendum contre ce qu’elle appelle «un marché de dupes». On fait le point sur cette réforme du 1er pilier qui a besoin de 26 milliards de francs d’ici 2030 pour garantir le niveau de ses prestations, en péril en raison du vieillissement de la population.

1. Les femmes devront travailler une année de plus

Les femmes devront travailler une année de plus pour toucher l’AVS. L’âge de référence de leur retraite passera progressivement de 64 à 65 ans, comme pour les hommes. La hausse se fera en quatre étapes de trois mois, l’année suivant l’entrée en vigueur de la réforme. Économie espérée: 10 milliards de francs sur dix ans.

2. Quelles seront les compensations accordées aux femmes?

Un régime de compensations sera mis en place pour atténuer les effets sur les femmes proches de la retraite. Si la réforme entre en vigueur en 2023, les compensations iront à celles nées entre 1960 et 1968 (soit une cohorte de 9 ans). Le supplément mensuel (à vie) sera de 160 francs pour les femmes avec un revenu annuel déterminant jusqu’à 57’360 francs, 100 francs jusqu’à 71’700 francs et 50 francs dès 71’701 francs. À noter que les Chambres se sont mises d’accord pour que le supplément soit octroyé en dehors du système de rente AVS. Il ne sera donc pas soumis au plafonnement des rentes pour les femmes mariées.

3. Quand les femmes pourront-elles prendre une retraite anticipée?

Les femmes, tout comme les hommes, pourront la prendre au maximum trois ans avant l’âge de référence, soit dès 62 ans si la réforme entre en vigueur en 2023.

4. Que va-t-on perdre en cas de retraite anticipée?

Les femmes de la génération transitoire seront moins pénalisées qu’aujourd’hui. Mais plus une femme quittera tôt le marché du travail, plus elle perdra des plumes. À noter toutefois que le taux de réduction va tenir compte des revenus. Ainsi celles qui ont un revenu inférieur à 57’300 francs pourront continuer de prendre leur retraite à 64 ans sans diminution de rente. Mais pour celles qui ont un revenu entre 57’300 francs et 71’700 francs, il faudra compter avec un taux de réduction de 2,5% pour une retraite à 64 ans, 4,5% pour un départ à 63 ans et 6,5% pour quitter le monde du travail à 62 ans. Et pour celles qui ont des revenus supérieurs à 71’700, ces taux seront respectivement de 3,5%, 6,5% et 10,5%.

5. Outre les économies grâce aux femmes, quels autres financements sont prévus?

Tout le monde va contribuer au financement de l’AVS puisque les Chambres ont décidé d’augmenter le taux de TVA de 0,4 point. Ce qui devrait permettre d’engranger 1,4 milliard dans les caisses de l’AVS chaque année. À noter que le National aurait voulu inclure les bénéfices que la BNS tire des intérêts négatifs dans le financement de l’assurance. Mais le Parlement y a renoncé au final.

6. Pourquoi la gauche n’est pas contente?

L’écart entre les rentes des femmes et celles des hommes est déjà d’environ d’un tiers, relève la gauche. Or au lieu d’améliorer cette situation, le Parlement veut faire payer aux femmes le prix du démantèlement de l’AVS en réduisant leurs rentes de 1200 francs par année, dénonce-t-elle. «Ce sont donc précisément celles dont les prestations de retraite sont insuffisantes aujourd’hui qui devraient subir des réductions de rentes radicales et pérennes», critique l’USS. «Même les mesures décidées pour la génération de transition sont un marché de dupes, car les rentes de plus de la moitié de celle-ci diminueraient directement», ajoute-t-elle.

L’USS rappelle que la moitié des femmes qui ont pris leur retraite en 2019 doivent s’en sortir avec moins de 1770 francs de rente AVS par mois. En outre, près d’un tiers des retraitées actuelles n’a aucune rente du 2e pilier. Et si elles en reçoivent une, celle-ci est en moyenne d’un montant inférieur de moitié environ à celle des hommes, critique le syndicat. Pour rappel, le Parlement a entamé lors de cette session l’examen de la prévoyance professionnelle (LPP). Là aussi, gauche et droite s’empoignent sur les compensations à accorder aux rentiers.

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