Italie – Entre poubelles et sangliers, les Romains élisent leur nouveau maire

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ItalieEntre poubelles et sangliers, les Romains élisent leur nouveau maire

Rome croule sous les déchets à un point que c’est devenu un argument électoral. Dimanche et lundi, ses habitants choisissent le successeur de Virginia Raggi.

Les Romains votent dimanche et lundi pour élire leur nouveau maire, qui devra s’attaquer de front aux sempiternelles affres de la capitale italienne, accablée par des transports publics défaillants et une gestion désastreuse des ordures. La situation de cette métropole de 2,8 millions d’habitants, l’une des plus étendues d’Europe, s’est aggravée au point que des sangliers, attirés par les monceaux d’ordures entassés à même le sol, circulent régulièrement dans certaines zones résidentielles.

Selon un classement publié, en septembre, par le magazine américain «Time out», la Ville éternelle figure en tête des villes les plus sales du monde, avec New York et Bangkok. Partout, y compris dans le centre historique, les poubelles malodorantes débordent, pour le plus grand désespoir des Romains, exaspérés.

Corbeaux, mouettes, souris, cafards…

À Trastevere, un quartier touristique du centre truffé de bars et restaurants, Tiziana De Silvestro, une sexagénaire souriante promenant son chien, fait ce constat amer: «Avant, les poubelles des restaurants et des bars étaient aussi ramassées de nuit, les poubelles ne restaient pas sur les trottoirs comme maintenant. Désormais, la ville s’est remplie d’animaux, de corbeaux ou de mouettes, sans parler des souris et des cafards.»

«Avant, les poubelles des restaurants et des bars étaient aussi ramassées de nuit , les poubelles ne restaient pas sur les trottoirs comme maintenant.»

Tiziana De Silvestro, habitante de Rome

Mais certains habitants, comme Cristiano Tancredi, un jeune responsable de l’association Retake Roma, refusent de s’avouer vaincus: «Il y a beaucoup de jeunes, beaucoup d’associations de bénévoles qui sont en train de réagir, qui essaient de dire ‘non, assez, ça ne nous plaît pas d’avoir une ville aussi sale, il faut qu’on se mobilise’», a-t-il expliqué à l’AFPTV. «Je crois que le prochain maire devra prendre en considération cela: il y a une grande demande de la part des citoyens, qui veulent une ville meilleure, une ville différente!»

Durant leur campagne, les quatre principaux candidats ont d’ailleurs rivalisé de propositions pour remédier aux maux de Rome, comme un «nettoyage extraordinaire» de la ville aussitôt après leur élection.

Maire sortante en difficulté

La maire sortante Virginia Raggi, première femme élue à la tête de Rome, en 2016, est de nouveau candidate. Mais cette femme de 43 ans issue du Mouvement 5 étoiles (antisystème) a peiné à prendre ses marques et n’a pas réussi à créer une dynamique de réformes, même si elle a par exemple courageusement combattu la présence des mafias.

Elle devra affronter au premier tour Roberto Gualtieri, ex-ministre de l’Économie (2019-2021) portant les couleurs du Parti démocrate (gauche), Nicola Michetti, un avocat de 55 ans candidat de la droite et de l’extrême droite, qui avait comparé le Covid à une simple grippe, et Carlo Calenda, un candidat sans étiquette, ancien ministre du Développement économique dans le gouvernement de Matteo Renzi, en 2016.

Il faudra attendre le second tour des 17 et 18 octobre pour connaître le vainqueur de la course à la mairie, qui, selon les derniers sondages, devrait se jouer entre Gualtieri et Michetti.

Expo universelle comme argument

Soucieux lui aussi de redonner du lustre à la capitale italienne, dont l’image reflète aussi celle du pays tout entier, le Premier ministre Mario Draghi a annoncé, mardi, que l’Italie présenterait la candidature de Rome pour l’Exposition universelle de 2030, qualifiée de «grande opportunité pour le développement de la ville».

La tenue à Milan de cette manifestation, en 2015, avait permis à la capitale économique du pays de bénéficier d’une véritable cure de jouvence, et son maire actuel, Beppe Sala, lui-même ancien patron de l’exposition de Milan, devrait être réélu sans problème lors de ces élections.

Douze millions d’électeurs appelés à voter

Outre Rome et Milan, plus d’un millier de communes sont appelées à renouveler leurs administrations, notamment Turin et Bologne dans le nord, ainsi que Naples dans le sud. Au total, douze millions d’électeurs, sur un total d’environ 50 millions, sont appelés à se rendre aux urnes. Le maire sortant de Naples, l’ancien procureur Luigi De Magistris, ne se représente pas, mais sera en lice aux élections régionales organisées en Calabre (la pointe de la Botte italienne) pour remplacer la présidente de cette région déshéritée gangrenée par la mafia, décédée en cours de mandat.

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