InterviewAna de Armas: «Je ne me considérais pas du tout sportive»
L’intrépide actrice cubaine assure en héroïne de film d’action à la sauce «romcom» dans «Ghosted», disponible vendredi 21 avril sur Apple TV+.
- par
- Miguel Cid, Londres
Elle nous a bluffés dans le Cluedo «À couteaux tirés», en James Bond girl de choc dans «Mourir peut attendre» ou en Marilyn dans «Blonde». Ana de Armas se revendique à présent héroïne de film d’action à la sauce «romcom» dans «Ghosted», dès le 21 avril sur Apple TV+. La Cubaine (bientôt naturalisée américaine) de 34 ans y relègue son partenaire à l’écran, l’ex-Captain America Chris Evans, au rôle de petit copain.
Le pitch? Sadie, espionne globe-trotter de la CIA à la main tout sauf verte, rencontre Cole, un maraîcher sédentaire. Après une nuit de passion, elle disparaît et ghoste son amoureux transi qui part malgré tout lui faire coucou à Londres et se retrouve entraîné dans des aventures palpitantes. Interview.
Vous rêviez-vous depuis toujours héroïne de film d’action?
Pas du tout. Gamine, je souffrais horriblement d’asthme et ne pouvais pas faire deux pas sans m’essouffler. Pendant toute mon enfance et adolescence, je ne me considérais donc pas du tout sportive. Dieu merci, cela s’est estompé et j’ai découvert que je peux en fait faire pas mal de choses et suis même douée pour ça. Et puis en grandissant à Cuba, les films d’action étaient hollywoodiens à mes yeux et ne correspondaient pas du tout à ma réalité. Je n’aurais jamais imaginé faire ça, et pourtant…
Comment est-ce arrivé?
Après mon rôle dans le dernier James Bond. J’ai envie de surfer sur cette vague parce que c’est super fun. Et puis les personnages que je joue dans ces films sont réellement intéressants, pas juste un prétexte pour faire de l’action. Je tourne avec des artistes et réalisateurs avec qui j’ai envie de bosser, qu’il s’agisse d’action ou non. Ce qui m’arrive est donc un heureux accident et j’arrêterai à un moment donné parce que je ne peux pas continuer dans ce registre éternellement. Mais, pour l’instant, je m’éclate. Heureusement, ce genre de film prend beaucoup de temps en postproduction. Cela me laisse le loisir de décider si je veux en faire un autre ou pas et tourner d’autres types de film, ou juste de récupérer de mes courbatures!
Vous menez l’action dans «Ghosted». Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous?
La dernière scène du film, dans le restaurant, a été un gros challenge pour tout le monde. On l’a tournée pendant plus d’une semaine. Il fallait considérer plein de trucs techniques, les fonds verts, et puis le restaurant tournait réellement sur lui-même. Tout ça avec une foule de figurants et l’action. C’était un gros volume de choses à gérer, sans parler de ma robe de soirée qui m’habillait à peine!
Que vous inspire ce couple que vous incarnez à l’écran avec Chris Evans?
Je pense qu’il fait les mêmes erreurs que nous commettons tous. Quand on rencontre quelqu’un, on a envie de juste montrer nos meilleurs côtés. On raconte de petits mensonges pour adoucir nos défauts. Sadie et Cole sont tous les deux responsables de leurs problèmes mais découvrent dès le début quelque chose d’attachant ou qui leur fait défaut chez l’autre. Je recommande toujours de fréquenter quelqu’un pendant un certain temps avant de décider si on souhaite se mettre en couple avec, à moins que la personne ne se révèle horrible tout de suite…
Comment réagiriez-vous si un gars que vous veniez de rencontrer se comportait comme Cole et se pointait sans vous prévenir à l’autre bout du monde dans un grand élan romantique?
Cela m’est arrivé! Je me trouvais à l’étranger sur un tournage et ce gars s’est pointé. Je peux vous dire qu’il est reparti le même jour. Je l’ai fait déguerpir sur-le-champ. On ne peut pas faire ce genre de grand geste romantique.
En tant que productrice exécutive du film, avez-vous eu des divergences créatives avec Chris Evans, lui aussi producteur?
J’étais super excitée qu’on m’ait proposé de m’investir dans ce projet comme productrice exécutive parce que je voulais faire entendre ma voix. Le scénario était déjà écrit mais j’avais envie de donner mon opinion, de parler au réalisateur et de participer à la création du personnage. Je ne souhaitais pas juste me pointer sur le tournage et réciter mes répliques. À ce stade de ma carrière, j’ai eu le privilège de faire ce genre de boulot deux ou trois fois avec de grands cinéastes et producteurs. Une fois qu’on bosse comme ça, c’est difficile de revenir en arrière. Si je dis juste mes répliques, j’ai le sentiment qu’il manque quelque chose et que j’ai raté plein de trucs avant. Mais pour répondre à votre question, si je n’étais pas d’accord avec Chris, je lui disais simplement: «Ta gueule, tu as tort! » (Rire.)
On vous décrit comme une actrice intrépide. D’accord?
Oui, j’essaie d’être flexible. Mais pour cela il faut que j’aie confiance en mon metteur en scène. Je suis une actrice qui arrive chaque jour sur le plateau préparée pour l’imprévu. Je ne débarque pas avec des idées strictes sur la façon de tourner une scène. J’ai envie d’être ouverte aux propositions et laisser le cinéaste me dire ce que je dois faire et je ferai au mieux pour concrétiser sa vision. Mais si cette confiance n’existe pas, alors cela devient presque impossible parce qu’il peut vous bousiller au montage. Si vous voulez vous lâcher, être créative et faire quelque chose de différent à chaque prise mais que le réalisateur choisit la mauvaise prise au montage, cela peut sonner la fin de votre carrière.