NeuchâtelL’extension d’une carrière divise un village
Un comité référendaire craint une perte de la qualité de vie à La Sagne, mais le promoteur se montre rassurant.
- par
- Vincent Donzé
Un comité référendaire s’est constitué à La Sagne pour s’opposer à l’extension d’une carrière proche du village. Leur slogan résume leur prise de position: «Sauvons La Sagne! NON à l’extension industrielle de notre carrière». Face à un référendum muni de 301 signatures la majorité du Conseil communal soutient un projet générateur de rentrées financières.
Les nouvelles affectations de la carrière du Bois-Vert soulèvent une vague d’inquiétudes avant une votation prévue le 12 mars prochain. Les opposants craignent une exploitation industrielle constituée d’une décharge et d’un site de retraitement de matériaux et de reconditionnement du béton et du bitume.
Trottoirs étroits
Y aura-t-il des «conséquences négatives sur la santé et la sécurité des Sagnards»? C’est la crainte exprimée hier par le comité référendaire pour qui «l’avenir du village est en danger» pour 30 ans. L’augmentation du trafic routier induit un sentiment d’insécurité en raison d’un manque de trottoirs continus, actuellement absents ou étroits.
Depuis 2015, avec l’absorption de Gentil et Fils par l’entreprise Colas International, une augmentation de l’activité d’extraction a été constatée. Les opposants ont fait des relevés et des projections: 2002–2013: 4500 m3/an, 2013–2022: 25 000 m3/an, 2023–2052: 48 000 m3/an.
Les bruits liés à l’exploitation de la carrière sont aussi dénoncés: celui des camions, mais aussi celui minage et du concassage. «Selon les chiffres fournis, ce ne sont pas moins de 40 poids lourds qui traverseront le village durant huit heures pour un total de 7200 camions en 180 jours ouvrés», affirme le comité référendaire.
Selon la radio «RTN», c’est «la guerre des chiffres». L’entreprise Colas comprend les craintes exprimées, mais l’entreprise se veut rassurante. L’exploitant de la carrière articule le chiffre de 40 000 m3, dont 30 000 au maximum qui transiteront par La Sagne, comme stipulé dans une convention avec la commune.
Un ballet de camion? Colas fait état de 26 camions par jour, chargés à l’aller et au retour dans la majorité des cas, par mesure d’économie, mais pas toutes les douze minutes. Y aura-t-il un dégagement de poussière de ciment contenant de la silice cristalline, lorsque le béton sera retraité? Des lave-roues seront installés pour nettoyer les roues des camions et des systèmes d’arrosage éviteront l’envol de la poussière.
Pas plus d’impact
Si le projet est accepté le 12 mars, la carrière pourra accueillir des matériaux potentiellement toxiques, mais Colas affirme avoir renoncé à stocker de l’amiante. Selon l’entreprise, citée par «RTN», «il n’y aura pas plus d’impact qu’il y en a actuellement».
Le comité référendaire craint un départ des contribuables et une baisse des valeurs immobilières. Leur scénario fait froid dans le dos: «Cette baisse de la qualité de vie et une mauvaise image du village comme décharge du canton va entraîner une perte d’attractivité et provoquer un exode coûteux pour la communauté: moins de rentrées fiscales, des infrastructures moins rentabilisées, des logements vacants (sans entretien) et le déclin de la vie au village». Mais cette crainte est très subjective…