ExodeDes centaines de milliers de sans-papiers afghans fuient le Pakistan
Le gouvernement pakistanais a donné jusqu’à ce mercredi aux réfugiés illégaux afghans pour quitter le territoire, sous peine d’être arrêtés et expulsés.
Des centaines de milliers d’Afghans en situation irrégulière au Pakistan fuyaient le pays mercredi, à l’expiration mercredi d’un ultimatum fixé par le gouvernement. Ce dernier a donné jusqu’à mercredi aux sans-papiers afghans vivant sur son sol, dont il estime le nombre à 1,7 million, pour en partir volontairement, sans quoi ils seront arrêtés et expulsés.
Les autorités de la province du Khyber Pakhtunkhwa, où vivent la majorité des migrants afghans, doivent lancer une vaste opération pour arrêter les illégaux qui refusent de partir, a indiqué Feroz Jamal, un porte-parole du gouvernement provincial. Quarante-neuf centres de rétention, capables chacun d’accueillir plusieurs milliers de personnes, doivent ouvrir mercredi dans le pays pour y placer les Afghans en attente de leur expulsion, selon les médias d’État.
«Nous n’avons rien là-bas»
Des millions d’Afghans ont afflué au Pakistan au cours de décennies de guerre, en faisant l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés au monde. La population pakistanaise, qui considère souvent que ces réfugiés représentent un fardeau pour les infrastructures et les finances du pays, semble majoritairement soutenir l’initiative, selon les observateurs. Mais pour certains de ces migrants, qui vivent depuis des décennies au Pakistan ou y sont nés, et ignorent tout de l’Afghanistan, l’avenir dans leur nouveau pays est bien incertain.
Benafsha, 35 ans, une mère de six enfants qui attendait lundi au poste-frontière de Torkham de se faire enregistrer par les autorités afghanes, se préparait à rentrer avec sa famille dans sa province d’origine, Kunduz. Mais «à Kunduz, nous n’avons pas de terre, ni de maison, ni de travail. Nous n’avons rien là-bas», a expliqué cette femme enceinte de son septième enfant, qui a passé presque toute sa vie au Pakistan, sans jamais y recevoir de papiers.
Autorités talibanes débordées
Les autorités talibanes, qui ont condamné la décision d’Islamabad, ont été submergées par cet afflux soudain de réfugiés, qui traverse la frontière avec des camions remplis à ras bord d’effets personnels. Plus de 130’000 migrants afghans sont déjà rentrés en Afghanistan depuis l’annonce de ce plan début octobre, selon des sources officielles à la frontière.
À Islamabad, des centaines de maisons en terre construites illégalement, et dans lesquelles des Afghans vivaient dans la misère, ont été démolies mardi. «Assez c’est assez. Montrez-nous le chemin, nous trouverons un véhicule et partirons aujourd’hui. Cette humiliation, c’en est trop», a déclaré Baaz Muhammad, 35 ans, un enfant de réfugiés afghan né au Pakistan, en regardant les bulldozers détruire son habitation.
Répression sans précédent
Dans la mégapole portuaire de Karachi (Sud), des réfugiés afghans qui ont vécu depuis des générations dans un camp de réfugiés, ont signalé depuis déjà plusieurs semaines des arrestations, y compris de personnes en situation régulière, et des tentatives d’extorsion de la part de la police. Des avocats et militants ont dénoncé une répression sans précédent et demandé au gouvernement pakistanais de laisser plus de temps à ces migrants, pour partir dignement.