Football: Bouchlarhem: «Je savais que ce moment-là allait arriver»

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FootballBouchlarhem: «Je savais que ce moment-là allait arriver»

Raillé jusque-là pour son manque d’efficacité, le jeune attaquant du FC Sion a fait taire les sceptiques en signant un doublé contre Aarau. Il raconte son grand soir.  

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
En réussissant un doublé vendredi, Théo Bouchlarhem a fait taire les sceptiques et… ses amis qui le chambraient en raison de sa série de 17 matches sans marquer.

En réussissant un doublé vendredi, Théo Bouchlarhem a fait taire les sceptiques et… ses amis qui le chambraient en raison de sa série de 17 matches sans marquer.

Pascal Muller/freshfocus

Le football peut parfois être bien déroutant. Prenez le cas de Théo Bouchlarhem (22 ans), ce jeune attaquant franco-marocain arrivé de Pau en même temps que Didier Tholot l’été dernier. Avec pour tout état de service quelques minutes grappillées en Ligue 2, lui qui avait le plus souvent été aligné avec la deuxième garniture béarnaise, dans l’anonymat de la Nationale 3 où il devait inscrire 16 pions en 23 rencontres.

Suffisant néanmoins pour convaincre son entraîneur et les dirigeants du FC Sion de lui offrir sa chance en Challenge League. Lancé par Tholot, qui allait lui maintenir sa confiance coûte que coûte, Bouchlarhem devait pourtant tarder à inscrire ce premier but en championnat qui l’aurait libéré. Jusqu’à ce vendredi, où c’est lui qui, en réussissant un doublé que personne n’avait vu venir, a permis au FC Sion de sortir indemne du traquenard que représentait pour lui la réception du FC Aarau (victoire 2-0).

«Je pense que je vais bien dormir. Ces buts, cela faisait longtemps que je les attendais»

Théo Bouchlarhem, attaquant du FC Sion

Alors que beaucoup commençaient à désespérer de le voir trouver les filets, le héros de la soirée pouvait enfin savourer son (double…) déclic. «Cette fois, je pense que je vais bien dormir. Ces buts, cela faisait longtemps que je les attendais. C’est la preuve que le travail de l’ombre finit toujours par payer. Les gens ne voient pas tout ce qu’on fait à l’entraînement, l’hygiène de vie que l’on doit avoir, etc. Ces deux buts viennent récompenser tout cela.»

Un triplé contre Xamax en amical

Le doublé de son No 11 valide autant les choix de Didier Tholot que la patience dont a su faire preuve celui-ci. Placés dans des circonstances similaires, d’autres que lui, en étant confrontés au mutisme de l’une de leurs recrues estivales, auraient sans doute déjà condamné cet attaquant improductif au banc. Mais pas le technicien français qui, en dépit du manque d’efficacité chronique de son protégé, a continué de lui faire confiance en l’alignant quasi systématiquement, jusqu’à parfois provoquer l’incompréhension d’une partie du public valaisan.

«Le fait de ne pas marquer, c’était comme une chape de plomb sur sa tête»

Didier Tholot, coach du FC Sion

«Ce soir (vendredi), observait Didier Tholot peu après le coup de sifflet final, je suis content pour Théo. Le fait de ne pas marquer, c’était comme une chape de plomb sur sa tête. Je connaissais ses qualités, il fallait juste réussir à les exploiter.»

Vingt-quatre heures après avoir paraphé son contrat à la Porte d’Octodure, Bouchlarhem avait certes réussi des débuts fracassants sous son nouveau maillot en signant un triplé contre Xamax en match amical au Bouveret en juillet 2023 (4-1). Depuis, c’était l’interminable attente, pas loin de ressembler à une galère si l’on sait qu’un attaquant vit de ses buts.

17 matches de Challenge League, zéro but, un compteur toujours bloqué… Avant la première délivrance (14e), tombée à la suite d’une combinaison répétée la veille à l’entraînement. «Au fond de moi, dévoilait le natif de Saint-Jean-d’Angély, je n’ai jamais douté parce que je savais que ce moment-là allait arriver. Durant la préparation, le coach m’a beaucoup parlé, m'aiguillant sur le style de jeu que je devais adopter. Il m’a notamment encouragé à encore plus utiliser mon jeu de percussion et d’élimination.»

Sans toujours séduire, Sion l’a emporté grâce à l’avénement de son ailier gauche, lequel a failli ponctuer son festival d’un troisième but. «J’aurais bien aimé inscrire un vrai triplé, se marrait-il. La frappe ne passe pas loin…»

«Maintenant, les blagues sur moi, c’est fini!»

Théo Bouchlarhem, attaquant du FC Sion

A Tourbillon, l’intéressé a surtout fait taire les sceptiques ainsi que ses potes qui avaient pris l’habitude de le chambrer avec insistance. Il a d’ailleurs fêté «son» 2-0 en réclamant le silence, l’index posé devant la bouche. Un message limpide quant à ses destinataires. «Le doigt sur la bouche était destiné à mes amis qui se moquaient de moi et de ma longue série de 17 matches sans but. Maintenant, les blagues sur moi, c’est fini!»

Un 10e blanchissage pour Fayulu

S’il a parfois tremblé en fin de partie lorsqu’il abandonna l’initiative du jeu aux visiteurs pour ne plus s’exprimer qu’en contre, Sion s’en est aussi sorti grâce à quelques interventions salvatrices de ses défenseurs, notamment Schmied. «Ce n’était vraiment pas un match solide de notre part», convenait celui-ci. Le sens du sacrifice et l’état d’esprit affiché par le leader devaient cependant permettre à Fayulu de signer un 10e blanchissage. Le gardien espère déjà en réussir un nouveau dans une semaine pour la venue de Baden.

En signant un carton plein depuis la reprise, Sion a conforté ses ambitions en se mettant sur le droit chemin. Tout reste pourtant terriblement fragile, à la merci du moindre relâchement. Maintenir élevé le niveau d’exigences demeure sans doute la clé pour retrouver la Super League en tant que champion. Tant devoir se contenter d’un rôle de barragiste serait un scénario bien trop aléatoire – et dangereux – à tenir.

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