FootballCe Servette a des ressources insoupçonnables
Les Grenat allaient perdre quand un penalty leur est accordé à la 96e, transformé par Bedia pour le 2-2.
- par
- Daniel Visentini - Bâle
La fragilité du pari ne laissait aucune place à l’approximation et, face à ce FC Bâle qui tient enfin son rang, il y a forcément eu ces moments de flottement, sous pression, qui instillent le doute, à tout le moins une forme de crainte. C’est dur de subir longtemps et ce fut le sort de Servette au Parc Saint-Jacques. Ce fut même son bonheur durant un moment, avec un contre qui a permis aux Grenat de mener au score, de caresser l’espoir d’effacer une disette de 25 ans sans succès à Bâle, mais cela n’a pas suffi. En face, c’est un Genevois qui en avait décidé autrement, avec un assist et une pression de tous les instants sur la défense servettienne: Zeki Amdouni. Sauf qu’à la 96e, Bedia n’a pas manqué la balle de match, un penalty, pour offrir un point inespéré à ce moment.
Réorganisé dans un 4-2-3-1, Servette avait densifié le milieu du terrain. La promesse de la pression bâloise? Sans doute. Le souvenir du match à Saint-Gall aussi, où les Grenat n'avaient jamais su trouver la solution pour ressortir le ballon et se projeter en rupture.
Le poison Amdouni
Avec le duo Cespedes-Valls devant la défense, plus de sécurité. Mais une conséquence: ce Servette qui savait ce qui l’attendait a justement… attendu. Des premières minutes étouffantes ressortait une seule vérité: la possibilité de transitions verticales et dangereuses. Sur la première, Pflücke trouve Valls pour une volée qui frôle la latte. Sur la deuxième, Crivelli manque le coche, seul face à Hitz. Sur la troisième, après un corner bâlois, Mbabu file en oubliant Pflücke pour une frappe non cadrée.
Souffrir, mais exister: c’était le sacerdoce de ce Servette-là. Pesante, la pression des Rhénans débouchait sur des frayeurs pour les Servettiens, au coup par coup. Avec un homme toujours pour inquiéter Servette: Zeki Amdouni. Dans son 4-1-4-1, Bâle laisse le Genevois se positionner entre les lignes, tantôt plus haut, tantôt plus bas. Un poison qui a initié beaucoup de mouvements bâlois.
Il s’est souvent décalé du côté gauche, vers Ndoye, pour appuyer sur le flanc de Kevin Mbabu. Déjà en danger avec le Vaudois, Mbabu pliait sans rompre, ou rompait en étant couvert (par Rouiller souvent). Il aura fallu la quatrième rupture pour que Servette trouve la faille. Un contre d’école, avec Pflücke qui distille un centre dans le dos de la défense bâloise et d’Adams, qui ne fait qu’effleurer le ballon avant qu’Antunes ne surgisse.
Servette avait eu les occasions les plus dangereuses, Bâle avait pour lui cette pression qu’il faisait peser, un jeu dangereux en fait pour les deux équipes. Les Grenat avaient su en profiter une fois: il flottait presque dans l’air l’idée que ce serait bientôt au tour des Rhénansy, après la pause. Et qui d’autre que Zeki Amdouni pour cristalliser cette idée? La frappe de Diouf avait été déviée par Frick sur le poteau, mais Amdouni sait aussi se placer au bon endroit: précisément là où le ballon est revenu.
La VAR utile
Evidemment, Bâle n’a pas lâché son os. Les hommes d’Heiko Vogel venaient d’égaliser et Amdouni n’allait pas en rester là. Le meilleur homme sur le terrain a alors servi Zeqiri pour un tir en pivot qui faisait mouche: en dix minutes, Bâle avait retourné le score sans que cela ne paraisse illogique.
Servette allait perdre. Kutesa avait même manqué deux énormes chances dans les ultimes minutes, l’arbitre allait siffler la fin de la partie. Quand, sur une ultime offensive, face à ce Bâle qui avait reculé dans les derniers instants, Fabian Frei touchait la balle du bras dans les 16 mètres. La VAR – eh oui, l’outil marche le plus clair du temps – avait innocenté Rouiller peu avant, elle allait condamner justement le geste du Bâlois. Penalty. Bedia imperturbable et 2-2 à la 96e minute de jeu. Oui, Servette a des ressources insoupçonnables. Et la baraka est de retour, c’est confirmé.