Session: Le National veut 9 millions pour promouvoir le vin suisse

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SessionLe National veut 9 millions pour promouvoir le vin suisse

Contre l’avis du Conseil fédéral, les députés ont décidé d’accorder un gros coup de pouce au secteur de la viticulture pour qu’il puisse faire face à la concurrence étrangère.

Christine Talos
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Christine Talos
Actuellement, la Confédération verse 2,8 millions par an au secteur du vin pour la promotion.

Actuellement, la Confédération verse 2,8 millions par an au secteur du vin pour la promotion.

Tamedia

Bonne nouvelle pour le secteur de la viticulture. Le Conseil fédéral devra augmenter les moyens destinés à promouvoir les vins suisses de 2,8 millions à 9 millions par année pour autant qu’ils répondent à des critères de qualité et de durabilité. Le National a accepté par 98 voix contre 61 (et 22 abstentions) une motion en ce sens de sa Commission de l’économie et des redevances. Le vote a recueilli des avis favorables et négatifs dans tous les partis.

«L’économie vitivinicole suisse est confrontée à une concurrence étrangère rude, voire déloyale, car les standards de qualité et les conditions salariales ne sont pas les mêmes que chez nous», a rappelé Olivier Feller (PLR/VD) au nom de la commission. Le secteur doit faire face en outre à une baisse générale de la consommation.

Forte concurrence italienne

Le député a rappelé que l’Italie consacrait 18 millions de francs par année rien que pour promouvoir ses vins dans notre pays. «Il y a donc un clair désavantage compétitif pour les crus suisses», a-t-il souligné. En outre, la Confédération consacre 21 millions aux fromages: le secteur de la viticulture est donc là aussi défavorisé, selon lui. Renforcer le marketing permettra donc de montrer que les vins suisses sont variés et respectueux de l’environnement, a-t-il plaidé.

Une minorité a tenté de contrer la commission. «Le triplement des montants risque de créer un déséquilibre pour les autres branches de l’agriculture. En outre, l’investissement par bouteille sera plus important qu’en Italie avec cette somme», a argumenté Kathrin Bertschy (Vert’lib/BE). «Et lorsque l’on mise sur la qualité et le régional, on n’a pas besoin d’aide pour vendre ses bouteilles», a-t-elle ajouté.

Encourager la consommation?

D’autres orateurs ont pointé que promouvoir le vin suisse c’était aussi encourager la consommation et donc engendrer un risque de dépendance à l’alcool. Mais Olivier Feller a contré: «Le but est de favoriser le vin suisse chez ceux qui ont déjà envie de boire du vin.» Il a aussi suscité les rires de l’assemblée en répondant à une députée qui estimait que ce n’était pas correct de comparer la promotion des vins à celle des fromages, ceux-ci étant un aliment de base. «Pour ma part, si je ne bois pas du vin pendant une semaine, je ne vais pas très bien», a-t-il ironisé.

Le Conseil fédéral était lui aussi opposé à la motion. «Il comprend les inquiétudes du secteur», a précisé l’ancien viticulteur Guy Parmelin qui a rappelé les aides de la Confédération pendant la pandémie. Mais pour Berne aussi, aider les vins suisses créera une inégalité de traitement avec les autres produits de l’agriculture. «La motion demande d’assortir la promotion des ventes de critères de durabilité et de qualité. Or, une telle mesure ajoutera à la complexité de la réglementation, qui sera alors difficilement applicable dans la pratique», a-t-il souligné. «Outre la promotion classique des ventes, il existe d’autres façons d’aider le secteur par le biais de projets», a-t-il plaidé. En vain.

La motion passe aux États.

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