France: Un assassinat sur fond de sorcellerie va occuper les juges

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Justice françaiseUn assassinat sur fond de sorcellerie occupera les juges mardi

Persuadée que son épouse voulait «vendre l’âme de leurs enfants», une femme a participé à son meurtre après être entrée en contact avec une prêtresse vaudoue en Haïti.

La Cour d’assises de Paris va se pencher sur un véritable «guet-apens», selon les termes de l’accusation, sur une «séance de désenvoûtement qui a mal tourné», selon l’une des accusées.

La Cour d’assises de Paris va se pencher sur un véritable «guet-apens», selon les termes de l’accusation, sur une «séance de désenvoûtement qui a mal tourné», selon l’une des accusées.

AFP

À partir de mardi, un homme et deux femmes seront jugés, devant la Cour d’assises de Paris, pour l’assassinat, en 2019, d’une femme de 36 ans, épouse de l’une des accusées, sur fond de sorcellerie vaudoue. Sylvia G., mère de deux jeunes enfants et employée d’une enseigne de bricolage, avait été tuée le 23 mars 2019, dans le sous-sol de son immeuble, à Paris, lors d’un véritable «guet-apens», selon l’accusation, d’une «séance de désenvoûtement qui a mal tourné», selon l’une des accusées.

Le corps de la victime avait été découvert le 24 avril 2019, dans un sous-bois à Villiers-Adam (Val-d’Oise), dissimulé sous une palette et des branchages, un mois après que sa mère avait signalé sa disparition.

Nombreuses violences

Les enquêteurs se sont rapidement intéressés aux tensions qui existaient dans le couple qu’elle formait avec Christy D. Mariées en 2014, les deux femmes vivaient sous le même toit mais étaient, dans les faits, séparées depuis un an. Sylvia G. avait donné naissance à des jumeaux en 2013, et une procédure d’adoption avait été lancée au bénéfice de son épouse. Mais la victime avait confié à ses proches, peu avant sa mort, ne plus vouloir que Christy puisse exercer des droits sur les enfants.

Plusieurs témoignages faisaient état de violences verbales et parfois physiques, et de menaces de mort proférées par Christy D., qui suspectait, selon l’accusation, son épouse d’avoir été envoûtée par sa nouvelle petite amie.

Paranoïaque

Selon l’enquête, un de ses coaccusés, Iven W., cuisinier d’origine haïtienne, l’avait mise en contact, courant 2018, avec une «prêtresse vaudoue» vivant en Haïti. De nombreux appels téléphoniques et envois d’argent vers l’île des Caraïbes ont été mis en évidence. Christy D. s’était rapidement imprégnée de cette croyance et persuadée que Sylvia G., sous l’emprise d’un sort, voulait la tuer, «vendre l’âme de leurs enfants», voire vendre les organes des jumeaux. Plusieurs témoignages attestent qu’elle avait développé un comportement paranoïaque et installé un logiciel espion sur le téléphone de son épouse.

Selon l’accusation, l’assassinat de Sylvia G. s’est produit dans la soirée du 23 au 24 mars 2019, en présence de Christy D., de sa nouvelle relation amoureuse, Sabrina M., et d’Iven W. Pendant l’enquête, les trois accusés ont varié sur leur rôle et sur l’enchaînement des faits qui ont conduit à la mort de la victime, dont les causes n’ont pas pu être identifiées par l’autopsie. Seule Sabrina M. reconnaît l’intention homicide, expliquant lors de l’instruction que la «sorcière vaudoue» avait convaincu Christy de la nécessité d’éliminer Sylvia et déterminé la répartition des rôles de chacun le soir des faits.

Difficile coopération judiciaire avec Haïti

La défense de Christy D. regrette, elle, que l’enquête ne se soit pas davantage intéressée au «rôle déterminant» de la femme haïtienne avec qui les accusés étaient en contact et qui avait, selon elle, une réelle «emprise» sur leur vie durant l’année qui a précédé le meurtre. La juge d’instruction n’a pas donné suite à sa demande d’investigations pour identifier et entendre cette femme, au vu de la très difficile coopération judiciaire avec Haïti, gangrenée par la violence des gangs.

(AFP)

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