Centrale nucléaireKiev met en garde contre des risques de radiations et d’incendie à Zaporijjia
L’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom a annoncé que la centrale de Zaporijjia fonctionnait depuis samedi midi avec des risques de fuites et d’incendie.
Les troupes russes ont bombardé la centrale de Zaporijjia «à plusieurs reprises au cours de la dernière journée», a affirmé samedi sur Telegram l’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom. «Conséquence des bombardements périodiques, l’infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives», a indiqué la compagnie nationale ukrainienne, en faisant état d’«un risque d'incendie élevé».
Selon l’opérateur, depuis samedi midi (11h en Suisse), la centrale «fonctionne avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d’incendie.»
Moscou dénonce
La Russie a de son côté accusé l’Ukraine d’avoir tiré 17 obus sur l’enceinte de la centrale, la plus grande d’Europe, au cours des dernières 24 heures. «Quatre sont tombés sur le toit du bâtiment où se trouvent 168 assemblages de combustible nucléaire américain de la firme WestingHouse», a précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ajoutant que des obus s’étaient aussi écrasés à 30 mètres d’un dépôt de combustible usagé et près d’un autre contenant du «combustible frais».
Selon l’armée russe, l’armée ukrainienne procède à ces tirs depuis les alentours de la ville de Marhanet, qui fait face à la centrale, sur la rive opposée du fleuve Dniepr toujours contrôlée par Kiev. L’AFP n’a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.
Centrale stratégique
La centrale de Zaporijjia, où sont situés six des 15 réacteurs ukrainiens, a été prise par les troupes russes début mars, peu après le lancement de l’invasion le 24 février, et se trouve près de la ligne de front dans le Sud. Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe, près de la ville d’Energodar, sur le fleuve Dniepr, et de mettre ainsi la centrale en péril.
Inquiétude de l’ONU
Ces dernières semaines, Zaporijjia cristallise les inquiétudes des Occidentaux. L’ONU a appelé à cesser toute activité militaire aux alentours tandis que face à un «risque très réel de catastrophe nucléaire», l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) réclame d’y avoir accès.
Jugeant la situation «dangereuse», le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pressé l’AIEA vendredi d’envoyer au plus vite une mission sur place, déplorant que les troupes russes «poussent en permanence vers un scénario du pire.»
Reconnexion au réseau
Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1000 mégawatts chacun ont été «totalement déconnectés» du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques, selon Kiev.
Puis, Energoatom a annoncé qu’«un des réacteurs arrêtés la veille» avait été «reconnecté au réseau électrique» vendredi à 14h04 (13h04 en Suisse). Il «produit de l’électricité pour les besoins de l’Ukraine» et «l'augmentation de (sa) puissance est en cours», a précisé la compagnie. Les autorités d’occupation d’Energodar ont quant à elles de nouveau incriminé les troupes ukrainiennes vendredi.
Des experts de l’AIEA y sont attendus «la semaine prochaine», selon la conseillère du ministre ukrainien de l’Énergie Lana Zerkal, qui a reproché aux Russes d'«artificiellement créer des obstacles» à cette mission, ce que Moscou nie.
Saison «difficile» à venir
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a averti samedi dans un message sur Telegram que «cette saison de chauffage sera(it) certainement la plus difficile de l’histoire de l’Ukraine indépendante». «Le principal risque consiste en des actes terroristes de la Russie contre les infrastructures critiques», a-t-il dit.
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a annoncé vendredi qu’il convoquerait «une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie», avec l’assentiment de la Commission européenne.
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