SurinamL’ex-président condamné à 20 ans de prison
Desi Bouterse, âgé de 75 ans, avait déjà été condamné à 20 ans de prison par contumace en décembre 2019 dans l’affaire dite des «assassinats de décembre» de 1982.
Un tribunal militaire du Surinam a confirmé lundi la condamnation de l’ancien président Desi Bouterse à une peine de 20 ans de prison pour avoir ordonné des exécutions au début des années 80. Desi Bouterse, 75 ans, avait été condamné par contumace en décembre 2019 dans l’affaire dite des «assassinats de décembre» de 1982. La dictature qu’il dirigeait alors avait fait exécuter 13 civils et deux officiers de l’armée, tous proches de l’opposition. Cette condamnation était intervenue à l’issue d’un procès qui avait débuté 12 ans plus tôt, ce qui lui a permis de déposer une objection qui a contraint le tribunal à réexaminer son dossier, rouvert en janvier 2020.
Cependant, lors des audiences supplémentaires convoquées pour qu’il présente des preuves, Desi Bouterse a invoqué son droit de garder le silence. À l’énoncé de la condamnation, la magistrate Cynthia Valstein-Montor a dénoncé un «usage inapproprié des moyens légaux». Desi Bouterse va désormais faire appel de cette décision de première instance, a annoncé son avocat Me Arjan Ramlakhan. L’ex-président a toujours nié sa participation dans les «assassinats de décembre», affirmant que ces 15 personnes avaient été arrêtées pour avoir préparé un contre-putsch avec l’aide de la CIA et qu’elles avaient ensuite été abattues alors qu’elles tentaient de s’enfuir.
Le commandant Desi Bouterse s’était emparé du pouvoir en 1980, cinq ans après l’indépendance de cette ex-colonie néerlandaise. Instaurant une dictature militaire, il avait alors dirigé le pays jusqu’en 1987 avant de mener un second coup d’État en 1990 pour un bref retour au pouvoir, jusqu’en 1991. Condamné en 2000 aux Pays-Bas à 11 ans de prison par contumace pour trafic de cocaïne, et recherché par Interpol, il a été démocratiquement élu à la présidence en 2010, puis réélu en 2015.
Il a perdu la présidentielle en 2020 face au chef de la principale organisation politique d’opposition, Chandrikapersad Santokhi, qui lui a succédé à la tête de ce pays de quelque 600’000 habitants, frontalier avec la Guyane française, exportateur d’or et de pétrole.