CoronavirusLeur vie a changé après le vaccin: BioNTech sur le banc des accusés
Le laboratoire allemand, qui a développé avec l’américain Pfizer l’un des principaux vaccins contre le Covid, comparaît depuis lundi pour la première fois en procès.
Vaccinés contre le Covid, ils disent souffrir d’effets secondaires et veulent obtenir réparation. Une première audience judiciaire se tient lundi en Allemagne, pays du laboratoire BioNtech qui a développé, avec l’américain Pfizer, l’un des principaux vaccins sur le marché.
Selon l’Agence européenne des médicaments (EMA), il a été estimé qu’au cours de la première année de la pandémie, les vaccins anti-Covid ont aidé à sauver près de 20 millions de vies. Mais certaines personnes affirment qu’ils ont entraîné une dégradation de leur état de santé. Des actions en justice ont été lancées dans plusieurs pays, comme la France ou le Royaume-Uni.
Quelques centaines de plaintes ont été déposées en Allemagne visant à faire reconnaître le lien de causalité entre cette vaccination et le développement de pathologies. Un tribunal de Hambourg sera le premier à se pencher lundi, lors d’une audience publique, sur une demande de réparation.
«AVC et thrombose»
Une plaignante dit souffrir d’effets tels que des «douleurs dans la partie supérieure du corps, gonflement des extrémités, épuisement, fatigue et troubles du sommeil» après avoir reçu le vaccin Pfizer/BioNtech, selon le tribunal. Autant de problèmes «néfastes pour le travail» de cette médecin, employée dans un hôpital, «et qui ne peut plus travailler le même nombre d’heures» qu’avant, affirme son avocat Tobias Ulbrich. Elle réclame au moins 150’000 euros de dommages et intérêts, ajoute le tribunal.
D’autres audiences sont à venir dans les prochains mois, l’avocat affirmant représenter 250 plaignants, «tous en bonne santé» avant de souffrir de symptômes qu’ils attribuent à la vaccination. «Les symptômes sont très différents, cela va de l’AVC à la thrombose et aux maladies cardiaques», assure Joachim Cäsar-Preller, un autre avocat allemand, qui représente 140 clients dans des poursuites similaires.
Le laboratoire BioNTech explique qu’à ce stade, «aucune relation causale entre les troubles de santé décrits et la vaccination n’a été prouvée dans les cas examinés». L’entreprise assure néanmoins «prendre ses responsabilités» et «examiner chaque cas individuel avec soin, sur la base des informations disponibles».
BioNtech a acquis une célébrité mondiale en s’associant avec Pfizer pour mettre au point un vaccin à ARN messager contre le Covid-19, vendu à des millions d’exemplaires. Cette technologie innovante et la rapidité d’homologation du produit en raison de l’urgence sanitaire ont généré une importante vague de scepticisme et de désinformation sur le vaccin, mettant en cause sa sécurité.
«Long chemin»
L’existence de symptômes «post-vac» est néanmoins prise au sérieux par la communauté médicale en Allemagne, où plusieurs hôpitaux ont mis en place des consultations dédiées. Les procédures judiciaires pour établir un lien de causalité avec les vaccins seront, elles, un «long chemin semé d’embûches», reconnaît l’avocat Joachim Cäsar-Preller.
D’après la loi, pour engager la responsabilité des fabricants, les effets secondaires doivent dépasser un «niveau justifiable selon les connaissances de la science médicale». Les dommages doivent donc être suffisamment «graves» pour être pris en compte, explique Anatol Dutta, professeur de droit à l’Université de Munich.