Tennis – Mort de Manolo Santana, l’homme qui a ouvert la voie au tennis espagnol

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TennisMort de Manolo Santana, l’homme qui a ouvert la voie au tennis espagnol

Le premier vainqueur espagnol en Grand Chelem est décédé samedi. Les hommages ont commencé à affluer, dont celui de Rafael Nadal.

AFP

Manolo Santana, décédé samedi à l’âge de 83 ans, a fait aimer le tennis à l’Espagne en s’imposant le premier en Grand Chelem dans les années 1960 et même sur l’herbe mythique de Wimbledon, ouvrant la voie à des générations de champions. Le plus illustre de ses héritiers, Rafael Nadal, lui a rendu hommage dès l’annonce du décès par les organisateurs du Masters 1000 de Madrid, dont Santana était le président d’honneur. «Merci mille fois pour ce que tu as fait (…). Tu seras à jamais unique et spécial(…) On ne t’oubliera jamais», a réagi sur Twitter le Majorquin.

Né à Madrid en 1938, Manuel, ou «Manolo» son diminutif, Santana a marqué l’histoire de son sport en remportant d’abord Roland-Garros deux fois (1961, 1964), puis l’US Open (1965) et enfin Wimbledon (1966), où aucun autre Espagnol ne gagnera jusqu’à Nadal (2008, 2010). «J’étais un intrus chez les Anglo-saxons», se remémorait dans une interview au quotidien El Mundo en 2016 Santana, qui souffrait de la maladie de Parkinson.

Fils d’un Républicain emprisonné au début de la dictature franquiste (1939-1975), Santana se met au tennis par hasard, en apportant un repas à son frère qui travaille dans un club de Madrid. «J’ai vu des hommes en pantalon qui jouaient au tennis. J’ai été immédiatement charmé. J’ai commencé comme ramasseur de balles et ensuite je me suis mis à jouer. Je suis un exemple d’humilité dans un monde élitiste», expliquait Santana dans une interview au journal en ligne El Español.

«Un Pionnier»

Petit à petit, le Madrilène devient l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la terre battue. La victoire de l’Espagne contre les Etats-Unis, puissance hégémonique en ce temps-là, lors d’une rencontre de Coupe Davis en 1965 à Barcelone est l’un des moments les plus forts de sa carrière. Ce succès, en dépit de la défaite ultérieure en finale contre l’Australie, l’autre géant de l’époque, convainc Santana qu’il est possible de battre les Anglo-Saxons et qu’il vaut la peine de se préparer spécifiquement au jeu sur herbe.

Sa victoire, sur gazon également, à l’US Open en 1965 valide ce choix et le 1er juillet 1966 Santana obtient la consécration sur le Central de Wimbledon en battant l’Américain Dennis Ralston (6-4, 11-9, 6-4) en finale.

Resté amateur, du moins théoriquement, Santana a aussi profité du contexte, à une époque où la plupart des meilleurs passaient professionnels dans un circuit parallèle une fois leur réputation faite. C’était le cas des Australiens Rod Laver et Ken Rosewall. En 1970, deux ans après la réunification des amateurs et des professionnels dans ce qu’on appellera désormais l’ère Open, le Madrilène prend sa retraite, malgré un bref retour sur les courts pour disputer la Coupe Davis en 1973.

Quatre fois marié et trois fois divorcé, il devient ensuite capitaine de l’équipe d’Espagne de Coupe Davis à deux reprises (1980-1985 puis 1995-1999). Puis il prend la tête du Masters 1000 de Madrid à sa création en 2002 jusqu’en 2018. Ces deux fonctions lui ont permis de transmettre son expérience à une nouvelle génération de joueurs espagnols.

«Il a été un pionnier et c’est toujours plus difficile pour les gens qui font les choses pour la première fois», résumait en 2018 Rafael Nadal. «Il fallait quelqu’un pour ouvrir la voie et montrer que c’était possible. Manolo a été un pionnier pour notre pays, une référence du sport espagnol en général.»

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