FootballUne nouvelle équipe de Suisse est-elle possible?
Alors que s’apprête à être lancée la campagne de qualifications pour l’Euro 2024, Murat Yakin peut réfléchir à de nouvelles idées pour faire évoluer sa sélection.
- par
- Valentin Schnorhk Bâle
Préambule nécessaire: il n’y a pas de crise qui entoure l’équipe de Suisse, ni un impérieux besoin de changement. Malgré sa piteuse issue à la Coupe du monde, avec l’humiliation 6-1 contre le Portugal en 8es de finale, Murat Yakin ne doit pas tout reprendre à zéro. Est-ce à dire qu’il n’y a rien à faire et qu’il s’agit simplement de continuer sur la même lancée? Pas forcément: les résultats récents ne sont d’aucune garantie pour une performance lors de l’Euro 2024.
«Il n’y a pas forcément besoin de changer énormément de choses, considère le gardien Yann Sommer. L’équipe est essentiellement la même qu’avant. Mais nous devons essayer de faire mieux, de continuer à progresser.» Ainsi, à un an et demi du championnat d’Europe, pour lequel la Suisse a de grandes chances de se qualifier vu son groupe (Roumanie, Israël, Kosovo, Biélorussie et Andorre), le sélectionneur a le temps de lancer un processus pour faire évoluer sa sélection. Et aboutir dans les meilleures dispositions possibles en Allemagne dans 15 mois. Voici les pistes qui s’ouvrent à lui.
Un nouveau système?
C’est possible. Parce que Murat Yakin aime plaider la flexibilité. Il l’a montré en misant sur une défense à trois en 8es de finale. Cela n’en fera pas une nouvelle norme, mais simplement le signal que le sélectionneur reste disposé à trouver de nouvelles idées.
Qu’en sera-t-il pour ce rendez-vous de mars (avec les rencontres contre la Biélorussie et Israël)? Une ligne de quatre derrière semble inévitable. C’est plutôt l’organisation du milieu et du secteur offensif qui peut poser question: Yakin restera-t-il sur son trio Freuler-Xhaka-Zakaria dans l’entrejeu, qu’importe son organisation? Pas sûr, vu les équipes plus petites qui seront opposées à l’équipe nationale.
Et puis, à l’exception de Vargas et Steffen, Yakin n’a pas convoqué de véritables ailiers dans sa liste initiale (avant d’y ajouter Fassnacht). Il est donc possible d’avoir un système un petit peu différent (un losange? un 4-2-2-2?), qui mette en exergue les qualités de ses joueurs offensifs, plutôt habitués à l’axe: Breel Embolo, Noah Okafor, Zeki Amdouni, Cedric Itten, notamment. Même si la plupart d’entre eux peuvent être déportés sur le côté.
De nouveaux joueurs?
C’est en partie envisageable. Parce que, pour ce rassemblement, Yakin n’a pas de véritable absent de marque à recenser. À l’exception d’un: Xherdan Shaqiri. Il est donc contraint de trouver d’autres idées pour amener du génie offensif. Les chances de Fabian Rieder (21 ans) ou Zeki Amdouni (22 ans), deux des meilleurs joueurs de Super League cette saison, pourraient bien se présenter lors des deux prochains matches.
Les intégrer donnerait un signal fort: ce sont là deux éléments avec lesquels Yakin peut se projeter. Et notamment en prévision de l’Euro 2024, lors duquel il est attendu que le milieu de Young Boys et l’attaquant mobile du FC Bâle puissent arriver avec encore plus d’expérience et d’habitude du haut niveau. Les aligner aujourd’hui, c’est parier qu’ils soient à maturité demain.
Dans cette optique, Noah Okafor devra également trouver un moyen de se faire une place, lui qui n’a été que très peu utilisé lors des derniers mois. Yakin ne le voit pas comme un joueur de côté, mais comme un attaquant d’axe. Lui fera-t-il une place aux côtés d’Embolo?
Une nouvelle approche?
C’est là toute la question. Durant l’année et demie écoulée avant la Coupe du monde, Murat Yakin a essentiellement dû s’adapter. Débarqué à la tête de la sélection au milieu de la campagne qualificative pour le Mondial, il devait faire avec les exigences de résultats, les joueurs à disposition (Xhaka n’a pas été là au début, par exemple) ou les profils des adversaires (souvent très relevés, à l’instar de l’Italie, de l’Espagne ou du Portugal). Bref, le style a beaucoup varié. Cela a même été le cas pendant la Coupe du monde.
Comme une impression que la Suisse n’avait jamais un projet global, mais toujours une nouvelle idée à chaque match. Est-ce vraiment le bon chemin pour cette sélection? Pas sûr. Cette fois, Yakin a le temps de travailler une véritable approche. Ou deux, pour conserver la flexibilité voulue.
Où l’équipe de Suisse peut-elle aller? Il y a assurément une volonté de proactivité qui émane des joueurs. Autrement dit: un bloc haut sans ballon, et une intention d’utiliser de manière réfléchie le ballon. Yakin, lui, a souvent donné une tendance moins ambitieuse à son équipe, pour laquelle il attend une certaine verticalité. Le temps qu’il a à disposition peut lui permettre de trouver la parfaite synthèse. Pour que l’équipe de Suisse gagne au moins le pari de la cohérence.