Session sur l’égalité: Le Parlement gifle les femmes de gauche

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Session sur l’égalitéLe Parlement gifle les femmes de gauche

Alors que le Conseil des États a refusé toutes les interventions réclamant une meilleure égalité lors d’une session extraordinaire, le National, lui, n’a accepté que des propositions de droite.

Christine Talos
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Christine Talos
Les conseillères nationales et sénatrices vertes et roses n’ont pas réussi à faire passer leurs propositions en faveur des femmes.

Les conseillères nationales et sénatrices vertes et roses n’ont pas réussi à faire passer leurs propositions en faveur des femmes. 

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Alors que de nombreuses femmes ont défilé dans la rue pour la Grève féministe, deux sessions extraordinaires ont eu lieu mercredi au Parlement, l’une au Conseil des États, l’autre au National, en toute fin de journée. Coup dur pour la gauche: les Chambres n’ont donné leur aval qu’à des propositions de droite.

En effet, le National a accepté un postulat de Marianne Binder-Keller (AG/C), qui demandait au Conseil fédéral de présenter, dans un rapport, comment le potentiel du travail familial pouvait être apprécié à sa juste valeur au regard de sa compatibilité avec l’activité lucrative.

Il a également approuvé une motion de Melanie Mettler (PVL/BE) qui proposait de modifier la loi sur l’égalité pour qu’on ne puisse plus refuser d’engager une personne en raison de son orientation sexuelle, ce qui est le cas aujourd’hui. Il a également dit oui à une motion de Marcel Dobler (PLR/SG) qui réclamait un rapport pour mesurer l’impact de la maternité, l’interruption de travail, l’état civil ou l’expérience professionnelle sur les salaires. Il estimait que les femmes mariées étaient prétéritées.

La gauche ne parvient pas à se faire entendre

Toutes les propositions de la gauche ont échoué au National comme aux États. Ainsi Laurence Fehlmann Rielle (PS/VD) et la sénatrice Eva Herzog (PS/BS) réclamaient l’égalité salariale entre femmes et hommes, devenue urgente après le oui au relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Niet. Valérie Piller Carrard (PS/FR) et Marina Carobbio (PS/TI) demandaient, elles, que la prévention contre le harcèlement sexuel au travail soit ancrée dans la formation professionnelle et la maturité gymnasiale. Là aussi, rien n’y a fait.

La sénatrice Lisa Mazzone (Verts/GE) et la conseillère nationale Greta Gysin (PS/TI) ont essayé de faire passer des postulats pour demander un rapport sur la taxe rose, soit ces différences de prix entre les prestations et produits dits féminins ou masculins. En vain toujours. Enfin Tamara Funiciello (PS/BE) et la sénatrice Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU) ont proposé de réduire le temps de travail hebdomadaire à 35 heures ou une semaine de quatre jours, tout en prévoyant une compensation salariale intégrale pour les bas et moyens salaires. Motions balayées.

«Je suis une parlementaire déçue»

Au Conseil des États, le débat a été exclusivement féminin. Et il a donné lieu à un coup de gueule de la sénatrice Isabelle Chassot (C/FR). «Je ne suis pas une femme en colère. je suis une parlementaire déçue qui ne descendra pas dans la rue. Je ne peux pas soutenir une partie des revendications émises cette année, qui vont à mon sens beaucoup trop loin et sortent même de la problématique de l’égalité», a-t-elle ajouté. Et d’accuser la gauche d’avoir provoqué la division des femmes depuis la dernière grande Grève féministe de 2019.

Plaidoyer de la présidente du Conseil des États

La présidente du Conseil des États, Brigitte Häberli-Koller (Centre/TG), a lancé un plaidoyer au début de la séance, pour que les femmes soient plus nombreuses à la Chambre des cantons. «Sur 46 membres, seuls treize sont des femmes. Cela ne représente que 28%», a-t-elle déploré. «La représentation féminine dans notre Conseil a donc encore du potentiel», selon elle. La Thurgovienne a souligné que «la promotion de l’égalité est aussi une question de justice. Cela fait partie de l’ADN suisse». Et de plaider: «Un père peut s’occuper de ses enfants et une mère devenir conseillère fédérale. L’étape suivante est évidente: si les femmes font le même travail que les hommes, il n’est que juste qu’elles aient les mêmes droits, les mêmes obligations et le même salaire. Ni plus ni moins, cela devrait enfin aller de soi».

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