Royaume-UniEn plein blocage politique, l’Irlande du Nord va vers des élections anticipées
La nation britannique est dans une impasse politique en raison de son statut post-Brexit. Une tentative de médiation menée par Londres ayant échoué, elle se dirige vers un nouveau scrutin.
Chris Heaton-Harris, ministre chargé de l’Irlande du Nord au sein du gouvernement britannique, s’est entretenu avec les différents partis pour les convaincre de s’entendre sur un nouvel exécutif. Ce qui paraît compromis. Faute d’accord d’ici vendredi, Londres devra légalement convoquer des élections anticipées dans la province britannique.
Les unionistes, attachés à l’appartenance au Royaume-Uni, refusent depuis février de participer à tout gouvernement. Ils réclament l’abrogation du protocole nord-irlandais, négocié entre Londres et Bruxelles au moment du Brexit, qui instaure un statut douanier particulier à la province pour éviter le retour d’une frontière avec la République d’Irlande voisine. Cela porte atteinte, selon eux, à l’intégrité du Royaume-Uni, avec une frontière douanière de fait séparant l’Irlande du Nord et l’île de Grande-Bretagne.
Après un entretien téléphonique avec Chris Heaton-Harris, le leader du parti unioniste DUP, Jeffrey Donaldson, a estimé que le problème du protocole était «loin» d’être réglé. «Je ne vois pas comment des élections anticipées vont aider», a-t-il déclaré. «Mais nous sommes prêts à nous lancer dans la bataille», a-t-il averti, précisant avoir tout juste approuvé la propagande électorale du parti.
En mai, le dernier scrutin local avait abouti, pour la première fois dans l’histoire centenaire du territoire, à une victoire des républicains du Sinn Féin, favorables à une réunification de l’Irlande, devant le DUP.
Boycott du DUP
En vertu des accords de paix de 1998, mettant fin à trois décennies de conflit (3500 morts) entre unionistes, surtout protestants, et républicains, en majorité catholiques, l’exécutif local doit être partagé entre les deux communautés. La dirigeante du Sinn Féin Michelle O’Neill aurait dû devenir Première ministre, mais le DUP a maintenu son boycott.
«Les gens méritent que les partis travaillent ensemble pour les aider à faire face à la hausse du coût de la vie», a plaidé Michelle O’Neill mercredi. Le patronat nord-irlandais a réclamé un «exécutif fonctionnant» en pleine crise économique et sociale.
Bisbille Londres-Bruxelles
Face à la crise politique, Londres veut renégocier le protocole, mais Bruxelles n’accepte que des aménagements permettant de réduire les perturbations dans les échanges avec la province. Le gouvernement britannique a décidé de légiférer unilatéralement pour le modifier, au risque d’une guerre commerciale avec l’Union européenne. Cela reste insuffisant pour le DUP, qui attend que le texte soit adopté, ce qui pourrait prendre des mois.