Péninsule coréenne: Pyongyang renforce sa présence militaire à la frontière

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Péninsule coréennePyongyang renforce sa présence militaire à la frontière

Selon Séoul la Corée du Nord a bénéficié de l’aide de la Russie pour lancer son satellite espion. Pyongyang va déployer des forces armées le long de la ligne de démarcation militaire.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, à Pyongyang le 19 octobre 2023.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, à Pyongyang le 19 octobre 2023.

AFP

La Corée du Nord a annoncé jeudi qu’elle allait renforcer sa présence militaire à sa frontière avec la Corée du Sud, après avoir mis en orbite un satellite espion avec l’aide de la Russie, selon Séoul.

Après deux échecs en mai et en août, une fusée a décollé mardi de Corée du Nord et a placé en orbite le satellite d’observation militaire «Malligyong-1», selon les médias d’État. La Corée du Sud a confirmé jeudi que la mise sur orbite avait réussi. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a assisté personnellement au lancement de la fusée, et a déjà étudié des photographies des principales bases militaires américaines dans l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, prises par le satellite, ont encore affirmé les médias officiels de Pyongyang.

Le lancement a eu lieu en violation des résolutions de l’ONU qui interdisent à Pyongyang de se servir de technologies de missiles balistiques. Il a été condamné par la Corée du Sud, le Japon, les États-Unis et les Nations Unies.

Aide de Moscou

Le satellite a été «placé sur une trajectoire orbitale», a indiqué jeudi le Service national de renseignement du Sud lors d’un briefing avec des députés. Selon ce service, la Corée du Nord a bénéficié de l’aide de la Russie. Selon le député Yoo Sang-bum, qui a assisté au briefing, «le Nord a fourni à Moscou le plan et les données concernant les premier et deuxième lancements de satellite. La Russie a ensuite analysé ces données et communiqué au Nord des retours».

Le renseignement sud-coréen, qui avait collecté et analysé les débris d’un des satellites tombé en mer après l’échec de son lancement et avait conclu qu’il n’avait aucune utilité militaire, juge toutefois peu probable que le satellite fonctionne déjà, a indiqué Yoo Sang-bum. «Vu qu’il faut généralement trois ans pour développer un satellite, les affirmations actuelles ne garantissent pas la capacité satellitaire du Nord, à moins que Pyongyang ne rende publiques les photos de la base de Guam qu’il a mentionnées», a expliqué le député.

Après le lancement, Séoul a partiellement suspendu mercredi un accord militaire conclu le 19 septembre 2018 avec la Corée du Nord pour prévenir les incidents armés le long de la frontière intercoréenne (en créant notamment des «zones tampon» maritimes), et a immédiatement déployé des «moyens de surveillance et de reconnaissance» à cette frontière.

Le ministère nord-coréen de la Défense a qualifié les mesures prises par Séoul d’«imprudentes» et a annoncé qu’il suspendait également l’accord de 2018, dans son intégralité. La Corée du Nord «ne sera plus jamais liée» par cet accord «réduit depuis longtemps à un vulgaire bout de papier», a affirmé le ministère dans un communiqué cité par l’agence officielle KCNA. Pyongyang va désormais «déployer des forces armées plus puissantes et du matériel militaire de type nouveau dans la région située le long de la ligne de démarcation militaire», a-t-il averti.

La Corée du Nord a également tiré un missile balistique tôt jeudi, mais ce lancement a échoué, selon l’état-major interarmées de Séoul. Ce lancement de missile est un signe avant-coureur, estime Yang Moo-jin, président de l’Université des études nord-coréennes. «Afin de montrer que la suspension de l’accord n’est pas un vain mot, on s’attend à une démonstration de force par la violation de la frontière maritime, le déploiement de l’artillerie côtière, les envois de tracts et le lancement de divers missiles», prédit-il. «En conséquence, le risque d’affrontements armés accidentels le long de la ligne de démarcation militaire augmentera, de même que le risque que ces conflits armés accidentels dégénèrent en guerre», ajoute ce chercheur.

Risque de guerre

Le ministère de la Défense de Corée du Nord a répété jeudi que le lancement du satellite par Pyongyang s’inscrivait dans le cadre du «droit à l’autodéfense» du pays et a fustigé la réaction «extrêmement hystérique» de Séoul. Le Sud «doit payer cher ses provocations politiques et militaires irresponsables et graves qui ont poussé la situation actuelle vers une phase incontrôlable», a poursuivi le ministère.

Le satellite commencera officiellement son travail de reconnaissance le 1er décembre, d’après KCNA. Selon des experts, la mise en orbite réussie d’un satellite espion améliorerait les capacités de collecte de renseignements de la Corée du Nord, en particulier au-dessus de la Corée du Sud et de Guam, et fournirait des données cruciales en cas de guerre.

En 2021, Kim Jong Un avait fait du développement d’un satellite espion l’une des priorités du régime. La Corée du Sud prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion, via une fusée SpaceX, le 30 novembre depuis les États-Unis.


(AFP)

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