États-UnisEncore une victime identifiée 30 ans après sa mort grâce à l’ADN
Les nouvelles recherches sur des sites généalogiques ont permis de savoir que le corps retrouvé en 1992 au bord d’une autoroute était celui de Maggie, 17 ans.
- par
- Michel Pralong
On ne peut pas encore parler de «cold case» résolu, car s’il s’agit vraisemblablement d’un meurtre, on ignore qui l’a perpétré. Mais les nouvelles technologies d’identification de victimes ou de criminels via l’ADN ont permis une nouvelle fois de lever un pan de mystère sur une ancienne affaire. Jusqu’à ce jour, le corps d’une femme retrouvé le 3 mai 1992 au bord de l’Interstate 95 au nord-ouest d’Indianapolis, était resté désigné comme Jane Doe, nom que l’on donne aux cadavres de femmes non identifiées. Désormais, on sait que c’est celui de Margaret Ann Sniegowski Jr, dite «Maggie». Et qu’elle est morte un mois avant son 18e anniversaire.
Ce sont les autorités du comte de Boone, dans l’Indiana, qui ont annoncé la nouvelle mercredi, en présence de la famille de la jeune femme. «Depuis ce jour épouvantable, les enquêteurs n’ont jamais renoncé à essayer de résoudre l’affaire», a expliqué le shérif, écrit le «New York Times». Le cadavre, retrouvé abandonné sur un talus, n’était vêtu que d’un débardeur vert et de chaussettes.
En utilisant l’ADN de la victime, dont le corps avait été exhumé à cette fin en 2015, les enquêteurs ont enfin découvert une correspondance à la fin de l’année dernière sur un site de recherche généalogique. Une demi-sœur de Maggie y avait créé son profil ADN pour découvrir qui étaient certains de ses ancêtres.
«Ma sœur n’était pas un déchet qu’on jette»
En janvier dernier, le shérif est allé frapper à la porte de Lenny Sniegowski, le frère de Maggie, pour lui annoncer que sa sœur, disparue depuis 30 ans, avait été retrouvée. «J’ai failli m’évanouir, a-t-il dit lors de la conférence de presse de mercredi. Je pensais l’avoir pleurée pendant 30 ans. Il s’avère que je n’ai pas vraiment commencé à la pleurer». Il a raconté qu’elle avait tout laissé derrière elle lorsqu’elle avait disparu de la maison de ses parents à Toledo, dans l’Ohio, à plus de 350 km du lieu où le corps a été découvert. Il était donc persuadé qu’elle n’avait pas eu l’intention de partir très loin.
De nouveaux examens médico-légaux vont être effectués sur le corps de Maggie, pour tenter de savoir comment elle a été tuée, mais il y a des indices qui laissent penser qu’elle a été étranglée. «Nous allons maintenant nous concentrer sur la recherche de son assassin et travailler dur pour découvrir qui a jeté son corps le long d’une bretelle d’accès sur l’I-65 à State Road 47 il y aura 30 ans le 3 mai prochain», a déclaré le shérif, selon CBS. «Ma sœur n’était pas un déchet que l’on jette ainsi, a dit son frère. C’était une personne belle, amusante, aimante et optimiste». Il a ensuite exhorté les autres familles qui recherchent une personne disparue à ne jamais perdre espoir.
Victime du tueur de l’Interstate 65?
Au début du mois, les autorités avaient annoncé avoir découvert qui était l’homme appelé le tueur de l’Interstate-65. Grâce encore à l’ADN, elles avaient pu identifier Harry Edward Greenwell, responsable d’au moins trois meurtres de femmes dans les années 1980 et 1990 dans la région. L’homme est décédé en 2013. Les corps avaient été retrouvés dans des hôtels le long de cette autoroute. Maggie est-elle également l’une de ses victimes? «Cela fait partie de l’enquête en cours» a déclaré le porte-parole du bureau du shérif du comté de Boone.
Les recherches sur les sites généalogiques grâce à l’établissement d’un profil ADN ont multiplié ces dernières années les résolutions de cold case. La plupart du temps on ne tombe pas directement sur le coupable ou la victime, mais sur un membre de sa famille, qui permet alors de remonter jusqu’à la personne recherchée. L’une des premières affaires résolues ainsi était celle du Golden State Killer, puis il y en a eu beaucoup d’autres. Parmi les révélations les plus récentes, l’identification de l’une des victimes du boulanger boucher ou encore la révélation du nom de l’assassin de la petite Candy, 62 ans après son meurtre.