MétéoLa Grèce frappée par «la pire canicule» depuis plus de 30 ans
Le Premier ministre grec a prévenu que le thermomètre pourrait atteindre 45 degrés ce lundi dans certaines régions. Les feux continuent de faire rage à deux endroits.
![Les marchands et les restaurateurs tentent de rafraichir les touristes à grand renfort de brumisateurs à Athènes. Les marchands et les restaurateurs tentent de rafraichir les touristes à grand renfort de brumisateurs à Athènes.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/cce03d10-9e42-4ee5-a356-0c5266e37d71.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C1024%2C682&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=1638a59f51ace61ca2b13b76dc69f92c)
Les marchands et les restaurateurs tentent de rafraichir les touristes à grand renfort de brumisateurs à Athènes.
AFPLa Grèce est frappée par «la pire canicule depuis 1987», il y a plus de 30 ans, a prévenu le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors que le mercure devait atteindre 45 degrés lundi dans certaines régions.
Depuis jeudi, la Grèce traverse une période caniculaire qui devrait atteindre un pic lundi et mardi, selon les prévisions météorologiques. Elle avait été touchée par une vague de chaleur similaire en juillet 1987, qui avait surtout touché Athènes et fait plus d’un millier de morts, en raison du manque de climatisation et de la pollution atmosphérique.
«Nous faisons face à la pire canicule depuis 1987» ce qui provoque «une charge du réseau de l’électricité», a déclaré le Premier ministre à l’issue d’une réunion avec des responsables de l’opérateur grec de distribution électrique, Admie. Il a assuré que les autorités «faisaient tout ce qu’il était possible pour faire face à la situation» et exhorté les utilisateurs à «limiter leur consommation surtout au début d’après-midi et pendant la nuit».
Les services météorologiques ont prévu pour lundi et mardi des températures de 40 à 42 degrés Celsius sur les îles et de 41 à 43 degrés sur le continent, avec des maximales de 44 à 45 degrés dans le Péloponnèse et en Thessalie (nord). A Athènes, le mercure va dépasser les 40 degrés, avec des maximales de 43 degrés et des minimales de 31 degrés, selon les services météorologiques grecs. Selon les scientifiques, les canicules sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à encore se multiplier, s’allonger et s’intensifier.
Déjà une canicule au début de l’été
La Grèce a déjà connu un épisode caniculaire au début de l’été. Entre la fin juin et début juillet, les températures avaient atteint 44 degrés pendant onze jours. Selon les données de l’Observatoire national d’Athènes, il s’agissait de la 5e plus longue canicule survenue en Grèce en 40 ans.
«Ces phénomènes climatiques sont de plus en plus fréquents», note Konstantinos Lagouvardos, le directeur des recherches en météorologie à l’Observatoire. «Au-delà des canicules, le plus inquiétant c’est que la moyenne des températures augmente considérablement été après été. La moyenne pour Athènes atteint désormais 34-35 degrés, c’est deux degrés de plus que les années précédentes», précise-t-il. «Il s’agit déjà de la deuxième canicule de l’été, une troisième serait un événement inédit», ajoute-t-il.
Plusieurs municipalités ont ouvert des centres d’accueil climatisés pour les SDF et les autres personnes vulnérables. Au Pirée, à quelques encablures du port d’où les touristes s’évadent vers les îles, une quinzaine de personnes vont chaque jour trouver un peu de fraîcheur dans le centre géré par l’Unesco et la municipalité. «C’est déjà la quatrième fois qu’on ouvre un espace climatisé cette année», s’inquiète Argyro Koïka, une travailleuse sociale. Le ministère de la Protection civile a recommandé de se protéger en restant dans des lieux ombragés et climatisés, d’éviter les activités physiques et de s’hydrater régulièrement.
Deux incendies sévissent toujours
Par ailleurs, les pompiers grecs luttaient toujours lundi pour maîtriser deux importants feux de forêt sur l’île touristique de Rhodes et dans le nord-ouest du Péloponnèse, par des températures caniculaires qui entretiennent un fort risque d’incendie partout en Grèce. Plus de 3000 hectares de pinèdes et d’oliveraies ont brûlé en deux jours en Achaïe, près de Patras, sur la péninsule du Péloponnèse, à 200 km d’Athènes, selon les estimations de l’Observatoire national d’Athènes, qui s’est appuyé sur des images du satellite environnemental européen Sentinel-2.
Cette surface pourrait encore augmenter car l’incendie, qui a fait huit blessés légers et brûlé une dizaine de maisons, n’était pas totalement maîtrisé lundi, ont indiqué les services météo à l’agence grecque ANA.
La canicule complique la tâche des pompiers dans cette région où la végétation est asséchée par la chaleur. Le secrétariat général de la protection civile a établi le risque d’incendie à un niveau «très élevé» lundi sur la majeure partie du pays, en particulier la région d’Athènes, le Péloponnèse, la Crète et les îles égéennes.
A Rhodes, dans le sud-est de la mer Egée, les autorités étaient optimistes, estimant que l’incendie qui s’est déclaré dimanche dans le centre de l’île était en déclin lundi, sous l’effet d’un renfort important dans la nuit des effectifs et des moyens de lutte contre le feu. Quatre avions et hélicoptères bombardiers d’eau ont commencé leur ballet très tôt lundi dans la région de Pandanassa où s’est déclenché l’incendie, selon la protection civile.
Des renforts à Rhodes
Les pompiers ont évacué par précaution dimanche la Vallée des papillons, une zone arborée du centre de cette île du Dodécanèse, qui attire traditionnellement les randonneurs et les touristes.
Plus d’une centaine de pompiers, aidés de 20 véhicules, trois avions et six hélicoptères, étaient mobilisés lundi matin à Rhodes, selon la protection civile. Les forces terrestres devaient être encore renforcées dans les prochaines heures d’une cinquantaine de pompiers et 14 véhicules provenant par bateau du Pirée, le port d’Athènes, selon la même source.