Népal: Libéré, «Le serpent» en route vers la France

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JusticeEn chemin vers Paris, le tueur en série «Le Serpent» se dit innocent

Libéré de sa prison au Népal, Charles Sobhraj, qui a inspiré une série Netflix, a pris un vol pour la France où il doit subir une opération à cœur ouvert. Dans l’avion, il a nié être un serial killer.

Expulsé du Népal, Charles Sobhraj, alias «le Serpent», est monté à bord d’un avion à Katmandou.

Expulsé du Népal, Charles Sobhraj, alias «le Serpent», est monté à bord d’un avion à Katmandou.

AFP

Le tueur en série français Charles Sobhraj, lié à au moins une vingtaine de meurtres en Asie dans les années 1970 et qui a inspiré la série Netflix «Le Serpent», a été libéré vendredi de sa prison népalaise et immédiatement transféré vers la France. L’avion dans lequel il a pris place est attendu à Paris, via Doha, samedi matin. Le meurtrier devait initialement être libéré jeudi mais à cause de problèmes logistiques et juridiques, sa libération a été retardée d’un jour.

Dans l’avion, Charles Sobhraj, 78 ans, s’est entretenu avec un journaliste de l’AFP auprès de qui il s’est dit «innocent». «Je vais bien. J’ai beaucoup de choses à faire. Je dois poursuivre de nombreuses personnes en justice, y compris au Népal», a-t-il affirmé dans cet entretien exclusif. Interrogé pour savoir s’il avait été décrit à tort comme un tueur en série, il s’est exclamé: «Oui! oui!»

«Je dois poursuivre beaucoup de personnes en justice, y compris au Népal»

Charles Sobhraj, dans l’avion qui le conduit en France

Le dossier contre lui aurait été bâti sur de faux documents

«Lorsque je suis entré en prison, je n’avais rien fait», a-t-il affirmé. «Je suis innocent dans tous ces dossiers, ok? Je ne dois donc pas me sentir mal ou bien pour ça. Je suis innocent. Tout a été bâti sur de faux documents.» «Le juge, sans interroger le moindre témoin (…) et sans permettre à l’accusé de présenter le moindre argument, a écrit le verdict», a-t-il ajouté.

La Cour suprême du Népal, qui a décidé sa remise en liberté mercredi, a affirmé que Charles Sobhraj avait besoin d’une opération à cœur ouvert et que cette décision était conforme à une loi népalaise autorisant la libération des prisonniers alités ayant déjà purgé les trois quarts de leur peine. Elle a ordonné que le tueur en série, emprisonné dans cette république himalayenne depuis 2003 pour le meurtre de deux touristes nord-américains, soit expulsé dans les 15 jours vers la France.

Charles Sobhraj, à Katmandou, en 2011.

Charles Sobhraj, à Katmandou, en 2011.

REUTERS

Suave et sophistiqué

Avant l’annonce de son transfert, le Ministère français des affaires étrangères avait fait savoir que la France l’accueillerait si une demande d’extradition lui était «notifiée». Dans ce cas, «la France serait tenue d’y faire droit puisque M. Sobhraj est un ressortissant français», avait expliqué une porte-parole de ce ministère.

Citoyen français d’origine vietnamienne et indienne, Charles Sobhraj a commencé à parcourir le monde au début des années 1970 et s’est retrouvé à Bangkok. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il se liait d’amitié avec ses victimes, souvent des routards occidentaux sur la piste des hippies, avant de les droguer, de les voler et de les assassiner.

Il se voyait un héros criminel

«Il méprisait les routards, de pauvres jeunes drogués. Lui se voyait en héros criminel», confiait en 2021 la journaliste australienne Julie Clarke, qui l’a interviewé. Surnommé le «tueur au bikini», cet homme suave et sophistiqué a été lié à plus de 20 meurtres. L’autre surnom de Charles Sobhraj, «Le Serpent», lui vient de sa capacité à prendre d’autres identités pour échapper à la justice. Il est devenu le titre d’une série à succès réalisée par la BBC et Netflix qui s’inspire de sa vie.

Arrêté en Inde en 1976, il a passé 21 ans derrière les barreaux, avant de réussir à s’enfuir brièvement en 1986 après avoir drogué les gardiens de prison. Il a finalement été recapturé dans l’État indien du Goa. Libéré en 1997, il s’est retiré à Paris mais a refait surface en 2003 au Népal, où il a été repéré dans le quartier touristique de Katmandou et arrêté. L’année suivante, un tribunal l’a condamné à la prison à vie pour l’assassinat en 1975 de la touriste américaine Connie Jo Bronzich. Dix ans plus tard, il a aussi été reconnu coupable du meurtre du compagnon de cette dernière.

(AFP)

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