États-UnisDes témoins accablent les parents de l’auteur d’une fusillade
Les parents d’un adolescent, auteur d’une fusillade meurtrière dans son lycée, ont négligé les signes de troubles psychiatriques et les appels à l’aide de leur fils, selon des témoins entendus mardi, dans un tribunal du nord des États-Unis.
![James et Jennifer Crumbley le 14 décembre 2021. James et Jennifer Crumbley le 14 décembre 2021.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/362162e0-8d90-4dd4-bfbc-45a3aba7bf1d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=5a723caaa1662e78454878e5ad32c3e0)
James et Jennifer Crumbley le 14 décembre 2021.
AFPLe 30 novembre, Ethan Crumbley, 15 ans, a fait quatre morts et six blessés dans son école d’Oxford, au nord de Detroit dans le Michigan, avec une arme que ses parents lui avaient achetée quelques jours plus tôt. Après avoir tenté de s’enfuir, James et Jennifer Crumbley, âgés respectivement de 45 et 43 ans, ont été inculpés d’«homicides involontaires», un chef très rarement retenu dans ce cadre.
Mercredi, ils ont comparu, menottés et les jambes entravées, devant une juge du Michigan qui doit décider s’il existe suffisamment de preuves pour les renvoyer en procès. Pour la convaincre, les procureurs ont appelé à la barre plusieurs témoins qui, par petites touches, ont dressé un tableau accablant du couple, visiblement insensible aux nombreux signaux d’alerte envoyés par leur fils.
Un enquêteur a ainsi présenté des textos adressés par Ethan Crumbley à sa mère plus de sept mois avant le drame, dans lesquels il disait entendre des bruits, voir des «démons» et évoquait sa «paranoïa». «Est-ce que tu peux au moins me répondre par texto?» «j’ai peur», lui a-t-il écrit un soir, seul à la maison.
L’analyse du téléphone de Jennifer Crumbley montre qu’elle n’a répondu que le lendemain matin. «Pendant ce temps-là, elle montait à cheval», a raconté l’inspecteur Edward Wagrowski en montrant des photos de selfies prises au même moment.
«LOL, je ne suis pas fachée»
À son entourage, elle parlait «tous les jours» d’équitation, mais très rarement de son fils, se bornant à évoquer un enfant «solitaire», affecté par la mort de son chien et le départ de son unique ami, ont rapporté d’anciens collègues et la propriétaire de l’écurie où vivaient ses chevaux.
La veille de la fusillade, l’école l’avait appelée parce qu’Ethan avait cherché sur son téléphone des informations sur les munitions pendant les cours. «LOL, je ne suis pas fâchée. Tu devrais juste apprendre à ne pas te faire attraper», lui avait-elle écrit. Le lendemain, les parents étaient convoqués parce que leur fils avait griffonné «ma vie est inutile» ou «du sang partout», et dessiné un pistolet et un corps ensanglanté sur son interro de maths.
Jennifer Crumbley avait partagé une photo de cette copie avec son chef de service et sa professeure d’équitation, mentionnant juste passer «une journée de merde». Mais le couple avait laissé Ethan au lycée, pour retourner travailler. L’adolescent avait alors sorti une arme de son sac à dos et tiré une trentaine de fois, ciblant ses camarades d’école au hasard.
L’audience reprendra le 23 février.