Afrique: Craintes de conflagration dans le nord du Mali

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AfriqueCraintes de conflagration dans le nord du Mali

La crainte d’une reprise des hostilités grandit dans le nord du Mali, dans le sillage du retrait de l’ONU et de tensions entre les groupes armés signataires de l’accord de 2015.

Le ministre malien de la Réconciliation, chargé de l’accord de paix, le colonel major Ismaël Wagué, a dit «inviter» les mouvements signataires à «revenir à la table des négociations» (image prétexte).

Le ministre malien de la Réconciliation, chargé de l’accord de paix, le colonel major Ismaël Wagué, a dit «inviter» les mouvements signataires à «revenir à la table des négociations» (image prétexte).

AFP

La junte malienne a appelé, lundi, les groupes armés du nord signataires d’un accord de paix mal en point à renouer le dialogue avec elle alors que la crainte d’une reprise des hostilités grandit dans le sillage du retrait de la mission de l’ONU.

Au moment où cet appel était lancé, le porte-parole d’une organisation réunissant ces groupes accusait des avions de l’armée malienne d’avoir bombardé des positions de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance à dominante touareg signataire de l’accord, dans la région de Kidal, sans faire de dégâts.

Les tensions vont croissant depuis des mois entre l’État central et les groupes en question. Elles ont été accentuées avec le début du retrait de la mission de l’ONU déployée au Mali depuis 2013 et poussée au départ par les autorités maliennes. Les groupes armés s’opposent à ce que les camps de la mission soient transférés à l’armée malienne, sur fond de rivalité pour le contrôle du territoire.

Washington «alarmé»

Ces tensions ont culminé avec le transfert du camp onusien de Ber mi-août, qui a donné lieu à des combats entre soldats et djihadistes, mais aussi à des actes hostiles entre armée et CMA. La situation fait craindre pour l’avenir de l’accord de 2015, jugé primordial pour une stabilisation du pays sahélien pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et salafiste dans le nord en 2012.

L’accord dit d’Alger a été signé par la CMA, par des groupes armés progouvernementaux et par le gouvernement. Les djihadistes continuent, quant à eux, de combattre l’État sous la bannière d’al-Qaida ou de l’organisation État islamique. Les inquiétudes pour l’avenir de l’accord ont été abondamment exprimées lundi lors d’une séance du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le chef de la mission des Nations Unies au Mali, El Ghassim Wane, a constaté la «paralysie des structures de suivi» de l’accord. L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield s’est dite «alarmée» par les affrontements qui ont eu lieu à Ber et par «la reprise des hostilités dans le nord». «Si la guerre éclatait, elle ferait déferler sur les Maliens une dévastation indicible, impensable», a-t-elle dit.

Plusieurs pays ont appelé à une reprise du dialogue. Dans un communiqué diffusé simultanément, le ministre de la Réconciliation, chargé de l’accord de paix, le colonel major Ismaël Wagué, a dit «inviter» les mouvements signataires à «revenir à la table des négociations». «Le gouvernement reste attaché à l’accord», ainsi qu’au cessez-le-feu conclu l’année précédente, dit-il.

«Collusions»

Mais, au même moment, Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole d’une structure réunissant les groupes signataires depuis 2021, faisait état auprès de l’AFP du largage de quelques bombes sur des positions des ex-rebelles à Anefis, sans causer de dommages.

L’armée malienne a publié plus tard sur les réseaux sociaux des messages où elle déclare avoir «visé un regroupement de groupes armés terroristes (GAT) dans le secteur d’Anefis» et avoir «neutralisé» plusieurs combattants. À deux reprises au moins cette année des appareils de l’armée malienne ont survolé Kidal, bastion touareg.

Dans un rapport daté d’août et consulté par l’AFP, des experts mandatés par le Conseil de sécurité expriment leur préoccupation devant de tels actes et disent disposer d’informations persistantes sur un «réarmement intensif» de la part des ex-rebelles. Ils notent que l’application de l’accord de 2015, qui prévoit plus d’autonomie locale et l’intégration des combattants dans une armée dite reconstituée, est dans une «impasse».

(AFP)

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