CommentaireConstituante valaisanne, entre crucifix et suicide assisté
Les résultats de la Constituante valaisanne sont un peu contradictoires, mais dans l’ensemble elle révèle un Valais progressiste. Au peuple de trancher.
- par
- Eric Felley
La Constitution valaisanne va garder son exergue «Au nom de Dieu tout-puissant!» Les élues et les élus de la Constituante n’ont pas voulu s’inspirer de la version fribourgeoise – «croyant en Dieu ou puisant ses valeurs à d’autres sources» – qui aurait mieux convenu à la diversité de la vie spirituelle des Valaisans. Dieu reste donc en théorie l’inspirateur du texte.
Voilà qui aurait dû rassurer les conservateurs et les traditionalistes valaisans. Cependant, ceux-ci refusent cette Constitution, car elle contient quelque chose que Dieu n’aurait pas voulu: le droit à une fin de vie digne «librement choisie». Autrement dit le recours au suicide assisté, que d’aucuns considèrent comme un péché d’orgueil contre la volonté exclusivement divine de rappeler les gens à lui.
Victoire du camp progressiste
Malgré cet anachronisme, après quatre ans de travail, la Constituante valaisanne a adopté mardi la version finale du texte par 87 voix contre 40. C’est clairement une victoire du camp progressiste sur de nombreux points. Les nouveautés notoires sont le découpage du canton en six régions, le passage de 5 à 7 conseillers d’État, la neutralité carbone, le congé parental, le Tribunal de la famille, la dépolitisation de la justice, l’équilibre des genres en politique ou le droit de vote aux étrangers au plan communal.
L’ensemble apporte un peu de fraîcheur à ce canton qui en a bien besoin. Le texte a été soutenu par les groupes Valeurs libérales-radicales, la majeure partie du Centre, les Verts, le Parti socialiste et la Gauche citoyenne, Appel citoyen et Zukunft Wallis.
Une cohésion cantonale en danger
Au final, on peut dire que c’est un Valais décomplexé et francophone qui l’a emporté. Les mécontents sont du côté de l’UDC et de la grande majorité des Haut-valaisans. Les débats interminables de ces quatre années auront montré que malgré tous les beaux discours sur la cohésion cantonale, le Haut-Valais vit sur une autre planète. Même au sein des partis du Centre, naguère uni comme un seul homme, la division est claire et nette. Dans la perspective d’une votation populaire le 3 mars 2024, cette nouvelle Constitution aura manqué un de ses objectifs: celle de rassembler. Mais comment faire autrement?