Marseille (F) : Le pape dénonce l’«indifférence» et la «peur» face aux migrants

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Marseille (F)Le pape dénonce l’«indifférence» et la «peur» face aux migrants

Le souverain pontife est arrivé dans la cité phocéenne pour une visite de deux jours, durant laquelle il devrait plaider la cause des exilés et dénoncer les naufrages aux portes de l’Europe. 

Le pape a martelé une nouvelle fois son message de secours et d’accueil.

Le pape a martelé une nouvelle fois son message de secours et d’accueil.

AFP

Le pape François a une nouvelle fois dénoncé vendredi le sort des migrants en Méditerranée, fustigeant «l’indifférence» et la «peur», au premier jour d’une visite à Marseille, dans un contexte d’hostilité croissante envers les candidats à l’exil dans une Europe tentée par le repli.

«Un devoir d’humanité»

Accueilli à son arrivée à l’aéroport par la Première ministre Elisabeth Borne, le chef de l’Eglise catholique est rapidement parti dans son habituelle Fiat 500 blanche pour la basilique Notre-Dame de la Garde, la «Bonne mère», symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline dominant la baie de Marseille.

Sous un ciel clair, balayé par le mistral, il a tout d’abord participé à une prière avec le clergé dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d’ex-votos, accueilli par le cardinal archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, à l’origine de son invitation dans cette ville à la population façonnée par des siècles de migrations. Il s’est ensuite recueilli avec des représentants d’autres confessions chrétiennes et d’autres religions, musulmans et juifs notamment, devant le mémorial aux marins et migrants disparus en mer, sur une esplanade de la basilique, martelant une nouvelle fois son message de secours et d’accueil. «Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence», a lancé le pape, qui dénonce régulièrement le sort des migrants, depuis son élection il y a dix ans: «Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation».

«Le plus grand cimetière au monde»

Son séjour intervient d’ailleurs après une nouvelle vague d’arrivées sur l’île italienne de Lampedusa, qui a poussé l’Union européenne à adopter un plan d’urgence pour aider Rome à gérer les flux en provenance d’Afrique du Nord, sur une route migratoire devenue la plus dangereuse au monde. Plus de 28’000 disparus en mer y ont été recensés depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). «Le plus grand cimetière au monde», déplore régulièrement le pape.

«Arrivé au milieu de la mer, tu regrettes complètement»

Cette visite se déroule sous haute protection, avec quelque 6000 membres des forces de l’ordre mobilisés et un «dispositif hors norme», selon un haut responsable policier. Quelque 60’000 personnes sont attendues samedi pour la messe que le pape doit célébrer au stade vélodrome, autre symbole de la ville, précédée d’une déambulation en papamobile le long du Prado, grande avenue de la ville pavoisée aux couleurs jaune et blanc du Vatican, à laquelle 100’000 autres personnes sont attendues.

«Nous attendons des paroles très fortes»

En France, pays régi par le principe de laïcité, la visite de Jorge Bergoglio a été diversement reçue, certains à droite critiquant une «ingérence» politique. «Il faut espérer qu’on ne retienne pas de ce message la critique qui en est faite, mais que la Méditerranée peut être un point d’union», a affirmé à l’AFP l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich. Des élus de gauche ont appelé Emmanuel Macron à écouter le message d’accueil «courageux» du pape, au moment où une nouvelle loi sur l’immigration est en préparation en France.

Près de 500 ans après la dernière visite papale à Marseille, ce déplacement est le premier d’un pape en France depuis Benoît XVI en 2008. François s’était brièvement rendu en 2014 à Strasbourg, dans l’Est, mais c’était au Parlement européen. Il s’agit du 44e voyage à l’étranger du pape, qui se déplace désormais en fauteuil roulant et a reconnu début septembre que voyager ne lui était «plus aussi facile qu’au début».

(AFP)

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