Transport aérienLufthansa redécolle après le choc de la pandémie
Le groupe allemand revient dans le vert principalement grâce au transport de fret. Sa filiale Swiss se distingue également en enregistrant un bénéfice.
Le numéro un européen du transport aérien a réalisé au deuxième trimestre son premier bénéfice net depuis le début de la pandémie malgré les conflits sociaux et le manque de personnel qui perturbent l’été. Le dernier bénéfice remonte à 2019. Depuis, les pertes abyssales s’enchaînent en raison du Covid-19: 6,7 milliards d’euros, soit quasi autant en francs, en 2020, puis 2,2 en 2021.
Demande cargo
En 2022, le tournant semble réussi, surtout grâce au fret aérien: pour le deuxième trimestre, le groupe a annoncé jeudi avoir réalisé son premier bénéfice net -259 millions d’euros- et prévoit pour l’année un résultat d’exploitation «d’au moins» 500 millions. Si Lufthansa avait indiqué précédemment qu’il visait un retour dans le vert, le groupe a chiffré pour la première fois jeudi la marge attendue. À la Bourse de Francfort, le titre bondissait de 5,74% à 6,43 euros vers 11 h 40 GMT. L’annonce fin juillet, sur la base de chiffres préliminaires, d’un résultat d’exploitation positif au deuxième trimestre, avait déjà entraîné un bond du cours.
Le transporteur, qui regroupe outre Lufthansa aussi Austrian, Swiss, Brussels Airlines et Eurowings, a surtout profité à travers sa branche cargo d’une demande et de prix toujours élevés dans le transport de fret.
Quant aux passagers, leur nombre a été multiplié par quatre au premier semestre sur un an, à 42 millions en six mois. L’activité passagers a donc pu réduire la perte, à 86 millions d’euros au deuxième trimestre, contre 1,2 milliard en 2021.
Bénéfice pour Swiss
Sur les six premiers mois, les compagnies aériennes du groupe restent dans le rouge de 1,2 milliard d’euros au total, seul Swiss ayant réalisé un maigre bénéfice d’exploitation de 45 millions. Austrian Airlines est passé tout juste dans le vert au deuxième trimestre uniquement.
La branche cargo a dégagé de son côté 482 millions d’euros de bénéfice d’exploitation au deuxième trimestre en hausse sur un an, atteignant un bénéfice opérationnel de presque un milliard au premier semestre.
Sa filiale technique, qui assure les réparations d’un avion passagers sur cinq dans le monde, a dégagé 100 millions d’euros au deuxième trimestre.
Malgré les grèves
Or, «la joie de voir une forte demande est troublée» par des «problèmes opérationnels douloureux», a reconnu M. Spohr. En cause: les perturbations dans les aéroports en raison d’un manque de personnel, qui coûteront entre 350 et 400 millions d’euros en remboursements et manque à gagner cette année. Lufthansa a déjà dû supprimer des milliers de vols pour tenter d’apaiser le désordre qui a gagné les aéroports avec la forte reprise post-pandémie.
Lufthansa a été en outre confronté à une journée de grève de son personnel au sol fin juillet, entraînant l’arrêt quasi total des opérations dans ses deux principaux aéroports, Francfort et Munich. Le coût d’une journée de grève peut atteindre 35 millions d’euros.
Lufthansa, qui a supprimé plus de 30’000 emplois depuis 2020, prévoit aussi d’embaucher 5000 personnes au deuxième semestre, et un nombre équivalent l’année prochaine. «La grande majorité» de ces recrutements concerne les pilotes, personnel navigant et au sol, a détaillé M. Spohr.