ParisLe policier tireur en garde à vue le temps de l’enquête
Après la mort de deux hommes sur le pont neuf, à Paris, dimanche, le Parquet a ouvert deux enquêtes: une contre les fugitifs – un passager a survécu –, l’autre contre le policier qui a tiré.
Un tireur, deux morts et des questions: le policier qui a tué, dimanche soir, deux occupants d’une voiture soupçonnés d’avoir forcé un contrôle près du pont Neuf, à Paris, a été placé en garde à vue, lundi après-midi, à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Le policier a été placé en garde à vue, a indiqué le Parquet de Paris. «Cette mesure, prise notamment en raison de la gravité des conséquences des tirs de l’intéressé et afin de vérifier avec précision les conditions d’usage de son arme par celui-ci, est toujours en cours», a ajouté le Parquet. L’agent avait déjà été entendu dans le cadre d’une simple audition, lundi à l’aube, par l’IGPN.
Selon le compte rendu d’intervention de la police, dimanche peu avant minuit, une patrouille de cinq policiers s’est dirigée vers une voiture garée en contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres, sur l’île de la Cité, afin de le contrôler.
Alors que les policiers s’approchaient de l’avant de la voiture, celle-ci a démarré et «foncé vers un des fonctionnaires, qui s’est écarté pour l’éviter», selon le rapport. «Le seul» policier armé d’un fusil d’assaut a alors ouvert le feu sur le véhicule, qui prenait la direction du pont Neuf, où il a terminé sa course après être monté sur un terre-plein. Selon les premiers éléments de l’enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées, dont «cinq ou six impacts ayant atteint les individus».
Décédés sur place
Le conducteur âgé de 25 ans, retrouvé inerte au volant, et son passager avant, 31 ans, découvert allongé sur le sol, à droite de la voiture, sont décédés sur place, malgré les soins prodigués par les services de secours. Les deux hommes décédés sont «défavorablement connus, entre autres pour stupéfiants», selon une source proche du dossier.
«Un homme de 42 ans, passager arrière du véhicule, a quant à lui été blessé, sans que son pronostic vital ait été engagé», a indiqué le Parquet de Paris. Il est inconnu des services de police.
Légitime défense confirmée par un témoin
Le Parquet de Paris a ouvert deux enquêtes. La première, pour «tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique», porte sur les circonstances d’un possible refus d’obtempérer. La seconde a été ouverte «du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et confiée à l’IGPN, a précisé le Parquet. Elle devra notamment déterminer si le policier a agi en état de légitime défense.
Selon le compte rendu policier, un chauffeur de taxi, qui dit avoir assisté à toute la scène, a «confirmé la légitime défense invoquée par les fonctionnaires». «Des investigations techniques et scientifiques ont également été sollicitées, afin de mettre au jour les circonstances des tirs», a précisé le Parquet.
Les premiers éléments recueillis par les enquêteurs ont permis d’écarter rapidement la piste terroriste. La procureure de Paris, Laure Beccuau, s’est rendue sur place, où un important dispositif policier avait été déployé.