JuraCondamné pour avoir jeté des cadavres d’animaux dans la forêt
Le vétérinaire cantonal jurassien rappelle que les déchets carnés jetés dans la nature représentent des risques de santé publique.
- par
- Vincent Donzé
Des dépôts de déchets carnés dans la nature ont été constatés à plusieurs reprises ces derniers temps dans le canton du Jura, a fait savoir aujourd’hui le vétérinaire cantonal Flavien Beuchat. Dans le même temps, un agriculteur du Clos-du-Doubs devra payer 4200 francs pour s’être débarrassé illégalement de son bétail mort, entre autres délits.
Le paysan condamné a été sanctionné pour divers délits liés à la protection de l’environnement. Il s’est débarrassé à deux reprises au moins de cadavre d’animaux de rente provenant de son exploitation en les jetant dans la forêt, selon «Le Quotidien Jurassien».
En travers de la route
Les jours-amendes infligés sanctionnent aussi l’agression d’une automobiliste presque octogénaire qui circulait trop vite selon lui devant sa ferme: il s’est mis en travers de la route pour stopper le véhicule, s’est emparé des clés avant de plaquer la conductrice contre son volant en l’empêchant d’appeler la police…
Éliminer des cadavres dans la nature est d’autant plus stupide que l’élimination des déchets carnés ne coûte rien au-delà de transport. Tout détenteur d’animaux de rente ayant l’obligation légale d’annoncer son bétail au Service de l’économie rurale, il cotise dès lors au fonds de lutte contre les épizooties, lequel finance l’élimination des cadavres animaliers lorsqu’ils sont déposés dans un centre officiel.
À plusieurs reprises
Selon vétérinaire cantonal Flavien Beuchat, «jeter de la viande non consommée ou des cadavres d’animaux dans la nature représente des risques de santé publique». «Par l’appellation de déchets carnés, il faut entendre les cadavres d’animaux, les déchets de cuisine et les déchets d’abattoir ou de boucherie», précise Flavien Beuchat.
Le principal risque associé à l’élimination illégale des déchets carnés est la transmission potentielle d’agents pathogènes ou de contaminants chimiques aux humains par voie directe ou via d’autres animaux.
Agents pathogènes
«Les animaux nécrophages, y compris les animaux sauvages et la vermine, peuvent se nourrir de viande contaminée et transmettre les agents pathogènes à des animaux domestiques et à des humains», indique le vétérinaire jurassien.
Certains pathogènes très résistants et causant de sévères atteintes, tels que l’encéphalopathie bovine spongiforme chez le bétail et la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez les humains, peuvent se retrouver ainsi dans l’environnement.
Par les sangliers
Actuellement, la peste porcine africaine se répand en Europe et est aux portes de la Suisse. Cette maladie virale est hautement contagieuse pour les porcs et les sangliers. Dès lors, des dépôts de viande contaminée ingérée par les sangliers pourraient contribuer à propager la maladie en Suisse et avoir des conséquences désastreuses pour les sangliers et les élevages de porcs.
Selon l’ordonnance concernant les sous-produits animaux, il est interdit de les jeter déchets carnés et cadavres d’animaux dans les lacs, les marécages ou les cours d’eau, de les abandonner à l’air libre ou de les enterrer. Seule exception: les animaux domestiques de moins de 10 kg, sur terrain privé, à une profondeur minimale de 1,2 mètre.
Des centres régionaux
Pour éviter tout risque de contamination, les cadavres d’animaux et les déchets d’abattoir et de boucherie doivent être déposés dans les centres régionaux de ramassage des déchets carnés de Soyhières, Montfaucon et Porrentruy.
Les restes de viande destinés à la consommation humaine doivent être éliminés avec les ordures ménagères par le biais des sacs taxés. Dans certaines communes, les restes de repas peuvent être éliminés avec les déchets verts car ils seront traités dans une installation de biogaz en évitant tout risque de contamination.