Fusillade à Paris«Un attentat terroriste», pour le Conseil démocratique kurde en France
La fusillade qui a coûté la vie à trois personnes, vendredi, à Paris, provoque la colère de la communauté kurde, qui avait fait part de ses craintes «concernant la sécurité» de ses militants aux services de renseignement français.
Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a estimé «inadmissible» que la fusillade qui s’est déroulée vendredi à Paris, faisant trois morts et trois blessés, selon un bilan provisoire, ne soit pas qualifiée d’«attentat terroriste».«Il est inadmissible qu’on essaye de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite venu commettre cet horrible attentat dans nos locaux», a déploré Agit Polat, porte parole du CDK-F, lors d’une conférence de presse organisée dans un restaurant, à une centaine de mètres du lieu de l’attaque. «La situation politique en Turquie concernant le mouvement kurde nous laisse très clairement penser que ce sont des assassinats politiques», a-t-il souligné, avant d’ajouter que selon eux, le président turc Recep Tayyip «Erdogan et l’État turc sont derrière ces assassinats».
Selon les autorités françaises, en l’état actuel de l’enquête, le tireur présumé aurait agi seul et voulait «s’en prendre à des étrangers», selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Les représentants du CDK-F ont ensuite appelé les autorités françaises à «arrêter leur complaisance avec les autorités turques quand il s’agit de la sécurité des Kurdes». «Les autorités françaises doivent nous recevoir et arrêter ce jeu cynique», a ajouté Agit Polat, précisant qu’il avait «fait part de ces craintes» concernant la sécurité des militants kurdes aux services de renseignement français, «il y a tout juste 20 jours».
«La communauté a peur»
«La communauté franco-kurde est aujourd’hui en colère et elle a peur», a affirmé maître David Andic, avocat du CDK-F. Présent lors de la conférence de presse, Jean-Luc Mélenchon, un des leaders du parti de la gauche radicale La France insoumise, a déclaré ne pas croire «au hasard quand il s’agit de l’assassinat de Kurdes à Paris», près de dix ans après le triple assassinat de militantes kurdes dans le Xe arrondissement de Paris, derrière lequel le CDK-F assure voir la main des services secrets turcs.
En ce qui concerne les victimes de vendredi, la formation a précisé que l’une d’entre elles était un artiste kurde reconnu comme réfugié politique et «poursuivi en Turquie pour son art». Le deuxième homme, «un citoyen kurde ordinaire», fréquentait «quotidiennement» l’association. La femme assassinée avait, elle, fait une demande d’asile politique qui avait été «rejetée par les autorités françaises», a ajouté Agit Polat.
Condoléances des Arméniens
Une autre organisation d’une diaspora en conflit avec les autorités turques, le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), a adressé toutes ses «condoléances au Centre culturel kurde et au CDK-F, avec lesquels nous entretenons une longue amitié forgée dans les mobilisations contre le panturquisme et le fascisme turc».